InfoSoir : Les prix de l'immobilier en Algérie, notamment à Alger, dépassent l'entendement. Quelles en sont les raisons ? Mihai Dantan : Les raisons sont multiples. La première concerne l'aspect spéculatif qui est lié au marché des étrangers. Ces dix dernières années, l'augmentation de la demande des résidents étrangers a représenté pour beaucoup une aubaine pour vendre beaucoup plus cher leurs biens immobiliers. Mais le nombre d'acquéreurs ou de locataires est limité. La deuxième concerne les ‘'smasria'', auxquels les propriétaires immobiliers font appel lorsqu'ils souhaitent vendre leurs biens. Ces ‘'smasria'' gagnent leur vie en réalisant cette transaction, mais ils font aussi ce qu'on appelle la survente. Là, forcément, les prix du marché augmentent. La troisième raison est liée à l'offre et à la demande. La demande est énorme et, à côté, l'offre ne suit pas. Sur Alger, la forte concentration de la population entraîne naturellement une forte demande. Ces phénomènes font que les prix de l'immobilier soient «hors réalité» pour les Algériens. Les lois régissant l'immobilier sont-elles en mesure de contrecarrer ce phénomène ? Disons qu'il y a un élément constructif. Avant 2009, il n'y avait pas de réglementation. Mais les pouvoirs publics ont pris le problème en main à travers des mesures pour réguler le marché. Mais toute réglementation doit être en constante évolution. Tous les métiers de l'immobilier seront harmonisés sur des codes reconnus mondialement. Demeurera le facteur «temps» qui est commun à tous. Il faut juste faire preuve de patience. Mais rassurez-vous, chez nous, le travail de 30 ans a été fait en 10 ans seulement. Pour un pays en développement, c'est déjà exceptionnel. Donc là, on peut dire qu'au niveau de la réglementation immobilière et l'harmonisation de la manière de travailler, l'Algérie a fait un pas de géant. Que doit faire l'Etat algérien pour faire face à cette flambée ? Disons que les agents immobiliers ont aussi un certain rôle à jouer, celui de régulateur des prix du marché. Et pour y arriver, la professionnalisation de l'activité est impérative. Le réseau immobilier REAVIMO, dont je suis le dirigeant, travaille dans ce sens. L'une des vocations de nos agents immobiliers est de ne pas surévaluer les prix. Pour ce faire, nous disposons d'une base de données qui nous permet de comparer les prix et de fixer les prix réels des biens. A REAVIMO, il est signifié aux propriétaires que pour vendre leurs biens, ils doivent être à tel prix. Et là, on donne le prix réel. Le principe consiste à réguler le marché en évitant la surévaluation. A notre niveau, nous représentons peu de chose comparé à l'ensemble des acteurs de l'immobilier. Aujourd'hui, nous sommes 75 agences pour 21 wilayas. A l'étape suivante, nous devons accompagner les pouvoirs publics dans l'évolution de la réglementation de l'activité. En tant que professionnels de l'immobilier, nous devrons apporter également notre savoir-faire sur le terrain pour professionnaliser l'activité et résoudre avec le temps ces disparités.