Le marché de l'immobilier en Algérie, à en croire les professionnels du secteur, semble déroger à la règle du marché. Le vide juridique béant en la matière a livré le marché aux spéculateurs qui règnent en véritables maîtres des lieux dictant leur propre loi. Que ce soit pour l'achat ou pour la location, les prix augmentent d'une façon exponentielle. En l'espace d'une année, les prix ont augmenté de 130% à Alger d'après la Fédération nationale des agences immobilières (FNAI). Le Vice-président de cette association qui regroupe prés de 600 adhérents à l'échelle nationale, A. Aouidat, n'hésite pas à parler d'une " inflation inexpliquée des prix". " Nous en tant qu'agents immobiliers, on se retrouve plus" fait-il savoir. Le chiffre d'affaires des agences immobilières, révèle-t-il, a vraiment régressé a tel point qu'elles n'ont rien à proposer aujourd'hui aux petites bourses. Une situation qui n'arrange plus les affaires de ces professionnels de l'immobilier. " Nous aurions voulu que le marché reste plus au moins stabilisé par rapport à l'année dernière " regrette notre interlocuteur. Plusieurs arguments sont avancés pour tenter d'expliquer l'origine de l'inflation. La fameuse affaire des payements par chèque exigée par les pouvoirs publics dans toute transaction dont le montant dépasse les 50.000 DA est une des raisons avancées par les professionnels. Cette mesure de loi qui, faut-il le souligner vient d'être, suspendue ! , est pour beaucoup dans la flambée des prix enregistrée au cours de cette année d'après Mr Aouidat. " Les gens avaient beaucoup d'espèce dormant à leur niveau et l'immobilier était pour eux le seul secteur refuge pour placer toute cette masse d'argent. " Ils avaient peur que demain lorsqu'ils veulent acheter, on leur demandera des justifications sur la provenance de leur fonds " indique l'agent immobilier. L'autre argument avancé pour expliquer l'augmentation des prix sur le marché immobilier est celui de l'arrivée massive des étrangers en Algérie. Ces derniers, voulant être opérationnels rapidement, sautent la première occasion qui se présente notamment à Alger et dans les grandes villes du pays. Discuter du prix des biens immobiliers est le dernier souci des sociétés étrangères, le plus important c'est qu'elles en trouvent. Le Président de la FNAI, H. Djebbar, estime pour sa part que l'absence de l'indice des prix des matériaux de construction pénalise énormément le marché dans la mesure où il n'y a plus de paramètres de calcul. " Nous n'avons pas une banque de données centralisée tout corps confondus ; impôt, notaires, agences immobilières pour permettre au moins de fixer les prix en fonction du zoning (par quartiers et par zones), ou peut être au lieu de plafonner le minimum, on freine le maximum des prix " note l'opérateur. Le vide juridique soulevé par les professionnels du secteur de l'immobilier est beaucoup plus apparent dans le marché locatif. " Il n'y a qu'en Algérie que le propriétaire de biens immobiliers réclame une année d'avance " indique Mr Djebbar qui impute cette situation à l'absence de garanties. " Les propriétaires ne se sentent pas protéger par la loi en cas d'abus de la part des locataires", fait-il savoir. Le niveau actuel de la plus value (taxe) exigé des vendeurs lors des transactions immobilières, apprend-on également, n'est pas faite pour arranger les choses. Bien au contraire. La quasi majorité des propriétaires sous-évaluent leurs biens lors des transactions immobilières pour justement atténuer du poids de cette plus value. Des propositions ont été faite, affirme Mr Aouidat, au Ministère des finances pour trouver une solution à cette plus value dans la mesure où elle constitue une véritable contrainte au marché. " Depuis 1962, les gens sous-évaluent leurs biens immobiliers. Nous demander à ce que les pouvoirs publics procèdent à la réévaluation du bien immobilier algérien, et à ce moment là, on démarre de cette base pour parler de la notation et du payement mensuel ". Un appel est aussi lancé par la FNAI à l'Etat pour réglementer la profession d'agent immobilier qui est le principal acteur du marché. Les efforts fournis par la FNAI à ce sujet restent d'une portée limitée s'il n'y a pas une implication directe et une détermination affichée des pouvoirs publics.