Première n L'action menée par des personnes atteintes du sida, avant-hier à Oran, est inédite dans le registre de la contestation sociale en Algérie. Les malades atteints du sida ont organisé, jeudi, un rassemblement devant le siège de l'Association de protection contre le sida (Apcs) à Oran pour protester contre le manque d'antiviraux utilisés dans le traitement de la trithérapie. Les manifestants, dont plus de 10 femmes, ont exprimé leur détresse face à la pénurie qui dure depuis plus de trois semaines au niveau du service infectieux. Sur les banderoles portées par les manifestants est mentionné : «Nous sommes en danger de mort», «Médicament égal une vie» ou encore «Où sont les responsables concernés ?». Les manifestants ont tenu à déposer une lettre, accompagnée d'une pétition signée par une centaine de sidéens, à l'association pour lui demander de mener, à nouveau, une action en justice. La pénurie des médicaments pourrait passer pour chose normale en Algérie alors que la réclamation publique des personnes atteintes de sida est une réelle révolution. En effet, via cette action, le sida va du statut de la maladie taboue et souvent tue, à une maladie normale dont le porteur a droit aux soins adéquats et à la prise en charge, au même titre que les autres malades. Poursuivant leur combat, les manifestants, qui semblent vouloir rompre le silence, ont décidé, lors de ce rassemblement, de tenir demain dimanche un sit-in devant la direction générale du Chuo. Les malades du VIH ne comptent pas baisser les bras, affirmant que cette pénurie des antiviraux se pose sans aucune explication sur son origine. Les malades, qui ont lancé un appel pressant aux responsables concernés afin de remédier à cette situation, ont affirmé que ce problème «ne se pose qu'à Oran». Le président de l'Association de protection contre le sida, le Pr Abdelaziz Tadjeddine, présent parmi ces malades pour les soutenir, a qualifié «d'inacceptable» les ruptures de stock de ces médicaments. «L'Etat a investi de gros moyens financiers pour la prise en charge des personnes atteintes du VIH/Sida, mais nous ne comprenons pas pourquoi il y a toujours des ruptures successives d'antirétroviraux à la PCH d'Oran», s'est-il interrogé en marge de ce rassemblement. Djamila Ouabdeslem, une praticienne du centre de dépistage volontaire de la même association, a, elle aussi, appelé à trouver une «solution rapide» au problème car, «des personnes peuvent mourir à tout moment faute de traitement». Selon elle, sept cas d'évacuation de ces malades vers d'autres services d'hospitalisation ont été enregistrés mercredi. Les insuffisants rénaux ne sont pas mieux lotis, puisqu'ils souffrent également depuis plus d'une dizaine de jours d'une pénurie des accessoires médicaux et des poches péritonéales pour une dialyse cyclique ambulatoire, a indiqué jeudi le porte-parole de la Fédération des insuffisants rénaux, Mohamed Boukhars. Ces équipements, a-t-il estimé, sont nécessaires pour les insuffisants rénaux et les personnes ayant subi une greffe.