- Au vu de l'évolution de la situation militaire et politique, les jours du régime sont comptés - Tripoli est depuis hier soir quasiment aux mains des rebelles. - Les combats se concentraient ce matin autour de la résidence de Kadhafi. - Seïf al-Islam a été arrêté la nuit dernière. Après de violents combats, hier soir, les rebelles ont pris le contrôle d'un quartier de la banlieue de Tripoli et d'une caserne aux portes de la capitale libyenne, tablant sur une chute dans les prochaines heures de ce bastion du régime. Devant l'hôtel Rixos où logent les journalistes étrangers, de violents affrontements ont éclaté en soirée entre forces fidèles au régime et rebelles et se poursuivaient vers 21h 00 GMT, tout comme dans le reste de la ville. Les journalistes, qui ont mis leur gilet pare-balles et leur casque, ont sorti des draps blancs sur lesquels était écrit «TV» pour indiquer leur présence à l'hôtel et éviter d'être pris pour cible. Ils se sont ensuite rendus dans le sous-sol de l'établissement, alors que les combats faisaient rage dans la rue et que des avions, vraisemblablement ceux de l'OTAN, survolaient la capitale. Les appels «Allah Akbar» lancés depuis des mosquées de la capitale en signe d'encouragement aux rebelles, étaient entendus jusqu'à l'hôtel non loin du centre-ville. Le quartier de Tajoura, dans la banlieue est de Tripoli, est tombé aux mains des rebelles, de même que celui de Souk Al-Jomaâ. Après de violents accrochages avec des soldats loyalistes, les insurgés venant de l'Ouest ont réussi à entrer dans Tripoli, accueillis par une foule en liesse. Des insurgés, participant aux combats à Tripoli, se sont infiltrés dans la capitale en arrivant par la mer de l'enclave côtière de Misrata, à 200 km à l'est. Dans leur avancée, les rebelles ont également pris le contrôle d'une caserne, située au «kilomètre 27», où ils se sont emparés d'armes et de munitions. Cette caserne était l'obstacle le plus important sur la route de Tripoli. Les insurgés ont, par ailleurs, libéré plusieurs dizaines de détenus de la prison de Maya, située non loin de la caserne. Malgré les succès des rebelles, Mouammar Kadhafi a encore affirmé qu'il ne se rendrait pas et sortirait «victorieux» de la bataille de Tripoli dans un message sonore diffusé par la télévision. Il appelé ses partisans à «nettoyer» la capitale des rebelles. Les Tripolitains «doivent sortir maintenant pour nettoyer la capitale», a déclaré le colonel Kadhafi, affirmant qu'il n'y avait «pas de place pour les agents du colonialisme à Tripoli et en Libye». «Revenez d'où vous êtes venus», a-t-il dit à l'adresse des rebelles. Selon le porte-parole du régime, «des milliers de soldats professionnels et des milliers de volontaires défendent et protègent la ville». Le régime a envoyé des messages sur les téléphones portables appelant «le peuple à éliminer les traîtres et les agents avec des armes et à les piétiner». Les insurgés ont, de leur côté, annoncé la mise en service d'une radio rebelle à Tripoli, sur laquelle ils vont diffuser des enregistrements de conversations radio entre soldats pro-Kadhafi sur des exécutions sommaires de manifestants antirégime. «Ne soyez pas des lâches ! Tirez sur quiconque crie Allah Akbar !», ordonne une voix martiale sur l'un de ces enregistrements.