De violents combats à la roquette et à l'artillerie lourde ont lieu aujourd'hui mardi autour du complexe résidentiel du colonel Mouammar Kadhafi dans le quartier de Bab-al-Aziziya à Tripoli. Le complexe est situé non loin de l'hôtel Rixos où sont logés les journalistes étrangers. L'établissement a été secoué vers 09h00 GMT (11h00 locales) par une forte explosion à proximité, créant un mouvement de panique parmi les reporters qui se sont réfugiés au sous-sol. Des avions, vraisemblablement de l'OTAN, survolaient la ville, où des affrontements entre rebelles et forces fidèles à M. Kadhafi se déroulaient dans d'autres quartiers non loin de l'hôtel Rixos. Des soldats du régime étaient postés autour de l'hôtel, où sont terrés une trentaine de journalistes internationaux, et des échanges de tirs à l'artillerie lourde étaient entendus. L'eau et l'électricité étaient toujours coupées à l'hôtel. Elles n'y ont été rétablies qu'une heure pendant la nuit. Par ailleurs, un ancien ministre jordanien des Affaires étrangères, a indiqué au quotidien Ad Destour que Tripoli avait demandé l'aide de l'ONU avant l'offensive des rebelles. «Quelques jours avant l'attaque des rebelles contre Tripoli, des responsables libyens m'ont demandé d'intervenir» auprès de l'ONU, a affirmé M. Khatib. «Je leur ai dit qu'en tant que médiateur, je chercherais ce qui était acceptable pour l'autre partie. Or celle-ci refuse de négocier quoi que ce soit avant le départ de Libye de Mouammar Kadhafi», a-t-il ajouté. «Les rebelles ont été clairs : ils ne veulent pas négocier avant un engagement que Kadhafi s'en ira», a rappelé M. Khatib. «Les dirigeants libyens ont mal interprété et sous-estimé la position internationale, pensant qu'avec le temps, elle s'affaiblirait ou changerait», a dit Khatib, qui a souligné que sa mission était «sur le point de se terminer». Le Maroc reconnaît le CNT Le Maroc a reconnu officiellement, hier soir, lundi, le Conseil national de transition (CNT) en tant que «représentant unique» du peuple libyen, à la veille de la visite du chef de la diplomatie du royaume à Benghazi. «Le royaume du Maroc confirme aujourd'hui sa reconnaissance du CNT en tant que représentant unique et légitime du peuple libyen, et porteur de ses aspirations à un avenir meilleur fondé sur l'équité, la justice, la démocratie et l'Etat de droit», a déclaré le ministre marocain des Affaires étrangères Taieb Fassi Fihri à la télévision publique. Cette déclaration intervient à la veille de la visite du chef de la diplomatie marocaine ce mardi à Benghazi, porteur d'un message du roi Mohammed VI au président du CNT Moustafa Abdeljalil. Ce message «porte sur l'évolution significative enregistrée sur la scène libyenne et le rôle déterminant joué par le Conseil national de transition libyen dans cette nouvelle page de l'histoire de ce pays», a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué. L'ONU convoque un sommet Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a annoncé, hier, lundi, qu'il convoquait un sommet cette semaine sur la situation en Libye, en présence des dirigeants de l'Union africaine et de la Ligue arabe ainsi que d'autres organisations régionales. «Nous vivons un moment chargé d'espoir mais il y a aussi des risques en vue», a déclaré M. Ban en proposant l'aide de l'ONU pour assurer la transition politique en Libye. Le patron de l'ONU a précisé devant la presse que la réunion se déroulerait jeudi ou vendredi à New York et accueillerait aussi les dirigeants de l'Union européenne et de la Conférence islamique. «La communauté internationale continuera à jouer son rôle pour protéger les civils», a déclaré le chef des Nations unies, qui ont autorisé, en mars, un recours à la force pour protéger la population libyenne de la répression engagée par le régime de Mouammar Kadhafi. «Les Nations unies se tiennent prêtes à apporter leur aide dans tous les domaines importants, notamment la sécurité, l'état de droit, la reconstruction économique, la rédaction d'une constitution et l'organisation d'élections», a énuméré M. Ban. Mauritanie Le parti au pouvoir félicite le peuple libyen pour sa victoire Le parti au pouvoir en Mauritanie a félicité, hier, lundi, le peuple libyen pour sa «victoire totale et l'encourage à œuvrer pour la démocratie et la réconciliation nationale», selon un communiqué. L'Union pour la République (UPR, au pouvoir) félicite le peuple libyen pour «les premières bonnes nouvelles de sa victoire totale» et l'exhorte à «travailler dans la sagesse pour le succès de son projet démocratique», selon ce communiqué. Le parti appelle «l'ensemble des forces vives de Libye à faire preuve de retenue et à prôner le pardon et la réconciliation dans l'esprit du ramadan béni», et les pays du monde à «tourner rapidement la page du passé et combler les occasions perdues en matière de démocratie et droits de l'homme». Le Président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz avait récemment déclaré que Mouammar Kadhafi «ne peut plus gouverner» la Libye. Il avait cependant écarté la reconnaissance par son pays du Conseil national de transition (CNT), affirmant que la Mauritanie «reconnaît le peuple libyen auquel revient le dernier mot». Un mini-sommet de chefs d'Etat de l'Union africaine L'Union africaine a convoqué une réunion au niveau des chefs d'Etat de son Conseil de paix et de sécurité, vendredi, à Addis-Abeba, consacrée à la situation en Libye, a-t-on appris de source officielle. Hier après-midi, des représentants des 15 pays membres du CPS ont préparé ce mini-sommet lors d'une réunion à huis clos d'une heure et demie au siège de l'organisation continentale, dans la capitale éthiopienne. «Ils ont échangé des informations. Ils ont beaucoup discuté de la Libye et ont décidé de ne pas diffuser de communiqué car nous aurons une autre réunion», a indiqué à la presse le porte-parole de la commission de l'UA. Selon lui, le mini-sommet de vendredi doit, en effet, être précédé jeudi d'une réunion du comité des médiateurs de l'UA pour la Libye. «Le principal objectif est d'engager des discussions avec toutes les parties en Libye, engager un dialogue pour trouver des solutions pacifiques à cette situation».