Résumé de la 1re partie n Ce mendiant se prend d'affection pour la bergère qu'il veut soulager de bien des maux... La bergère fut d'abord surprise et gênée de l'attitude de ce pauvre. «Que me veut ce mendiant, se demanda-t-elle, pourquoi vient-il m'importuner ?» Elle fut ensuite touchée de tant de sollicitude assidue. Personne n'avait jamais agi de la sorte avec elle. Elle avait vu depuis longtemps dans le regard envieux des autres filles qu'elle était belle. Mais si les jeunes gens la désiraient, personne ne l'aimait. Ainsi elle avait déjà rencontré la méchanceté et le calcul cachés sous de riches vêtements mais pour la première fois elle rencontrait la délicatesse enfouie sous les hardes d'un miséreux. Elle se disait en elle-même : — «Cet homme est sans le sou, ses vêtements sont en pièces, mais ce que je vois briller dans ses yeux vaut tout l'or du monde.» Un jour, elle se surprit à attendre avec impatience le moment de leur rencontre. Mais ce jour-là, le mendiant ne vint pas. Le lendemain, alors qu'elle se rendait au marché, elle l'attendit encore, mais encore une fois, le mendiant ne vint pas. Le surlendemain, elle ne prit pas le chemin le plus court pour aller vendre ses fromages mais celui qui passait devant la cabane du mendiant. Elle fut surprise d'en voir sortir une vieille femme au visage soucieux. S'approchant d'elle, la bergère lui demanda : — «Grand-mère, le mendiant qui vit là est-il votre fils ?» La vieille lui répondit qu'elle n'avait pas de fils. Elle n'était qu'une voisine pour laquelle ce mendiant s'était montré plus affectueux et plus attentif qu'aucun fils au monde. Hélas, depuis trois jours, il était couché, dévoré de fièvre, en grand danger de mourir. Sur ces derniers mots de grosses larmes coulèrent le long de ses rides. La jeune fille entra et s'approcha du grabat où gisait le mendiant. Elle s'agenouilla près de lui et posa sa main fraîche sur son front brûlant. A cet instant il ouvrit les yeux, quand il l'eut reconnue un bref sourire illumina sa figure émaciée. Puis tout disparut et ses paupières se fermèrent de nouveau. Son teint de rouge qu'il était, devint livide, son souffle était imperceptible. La vieille se tordait les mains, elle gémissait : — «Il est mort !» Mais la bergère qui s'était penchée pour écouter le cœur du mendiant leva vers elle un regard radieux et lui dit : — «Non, grand-mère : il vit. La fièvre est tombée, à présent il dort. Rentrez chez vous, vous reposer. Je resterai ici tout le temps nécessaire.» (A suivre...)