Ombre n Aucune étude et analyse n'existent en la matière. Mais une simple virée dans les magasins de la friperie suffit pour avoir une idée sur ce commerce qu'on croit à tort peu prisé. Le phénomène est visible à l'œil nu. Les échoppes spécialisées dans la vente de vêtements usagers sont présentes dans toutes les grandes avenues offrant au choix du client : chemise, pantalon, jaquette. Outre les articles masculins, les vêtements de femmes et d'enfants sont exposés à perte de vue au grand bonheur des petites bourses, des étudiants, des jeunes chômeurs et bien d'autres… Si certains sont des clients habituels, d'autres demeurent occasionnels. Pour les premiers, le marché de la fripe fait partie de leur quotidien. Les prix faramineux des vêtements neufs et l'érosion du pouvoir d'achat ont fait de cette catégorie aux revenus modestes des fidèles de ces commerces. L'habillement est l'un des besoins qui use le portefeuille de nombreuses familles les contraignant à revoir leur mode de consommation. «Je suis à la recherche d'une jaquette pour mon fils», nous dit Sedik, un client. Sur la disposition de son enfant à porter des vêtements d'occasion, ce dernier sourit avant de répondre : «Il n'a pas vraiment le choix. Quand l'hiver sera là, il cherchera forcément quelque chose à mettre pour se protéger du froid». L'article en question a coûté à notre interlocuteur 500 DA contre 2000 DA pour un même type de produit neuf. «La friperie me permet d'habiller mes sept enfants correctement et de consacrer le reste du budget exclusivement aux soins et à l'alimentation», témoigne ce retraité des P et T. Pour la deuxième catégorie, l'Aïd et la rentrée scolaire sont généralement les rendez-vous qui imposent un détour dans ces magasins. Ce sont les pères de familles nombreuses qui à la faveur de ces occasions deviennent des clients habituels. Devant la cherté des combinaisons et autres uniformes de travail, les ouvriers sont l'autre catégorie qui s'approvisionne régulièrement de la fripe. Ironie du sort. Le marché de la friperie semble aujourd'hui attirer même la personne «aisée», comme l'atteste un vendeur. «Ce sont des clientes pour la plupart qui sont à la recherche d'un style de vêtements particulier qu'elles ne trouvent pas dans les autres magasins. C'est une réalité, la friperie n'est plus ce qu'elle était. On reçoit de toutes les catégories», a expliqué ce marchand de friperie installé à la rue Hassiba Ben Bouali depuis plus de dix ans. A voir les prix affichés et les clients qui affluent sans arrêt sur cette boutique, on comprend mieux l'enjeu de ce commerce. Un bref petit inventaire de la quantité de marchandises étalée et on est vite éclairé sur le bénéfice exorbitant que se partagent les bailleurs de ce marché qui savent rester dans l'ombre. Quoi qu'il en soit, le «chiffon» demeure une vrai aubaine pour de nombreux citoyens notamment pour les prix pratiqués, à savoir 400 à 700 DA au maximum pour une veste, des chemises à 20 DA, pantalons à 500 DA, des chaussures à 100 DA jusqu'à 500 DA. A. B.