Initiative - Les rencontres du film documentaire de Béjaïa sont de retour. Le coup d'envoi a été donné hier à la cinémathèque de la ville. L'objectif de ces rencontres organisées par Cinéma et Mémoire de Béjaïa et en collaboration avec Kaïna Cinéma de Paris vise à l'initiation au métier de réalisateur-documentariste (écriture de scénarios, caméra, montage…). Tout commence, en 2007, lorsque Habiba Djahnine, présidente de l'association Cinéma et Mémoire, constate l'intérêt affiché pour l'image chez les jeunes. «Il y a un engouement incroyable pour l'image chez les jeunes (...) Cet engouement tient par le désir de fabriquer un regard intérieur, son regard sur soi et sur son environnement immédiat», souligne-t-elle. Cela a alors amené Habiba Djahnine à penser à créer «Béjaïa doc», un atelier rassemblant des jeunes autour d'un projet commun, celui de fabriquer l'image. Ainsi, l'atelier de création documentaire voit le jour, et cela fait cinq ans que ces rencontres sont consécutivement organisées. Si le besoin se faisant pressant de construire une image propre, sur soi, et véhiculée de l'intérieur, c'est parce qu'il y a un déficit de l'image locale. «Les jeunes rencontrés regrettent le manque d'images sur l'Algérie et auxquelles ils peuvent s'identifier. Tous s'accordent à dire qu'ils ne se reconnaissent pas dans les images fabriquées et véhiculées par les médias occidentaux.» «Même les films algériens, notamment ceux réalisés en coproduction avec des partenaires étrangers véhiculent une image détournée, fausse et qui ne reflète pas, selon ces jeunes, le vécu propre de la société algérienne. Ils disent que ceux qui sont montrés dans ces productions ne correspondent pas à la réalité algérienne», ajoute-t-elle. «C'est la raison pour laquelle, nous avons pris l'initiative de créer en 2007 les ateliers «Béjaïa doc» pour apporter aux jeunes les outils nécessaires de tournage leur permettant de parler de leur propre vécu, de construire leur propre image, de créer un regard intérieur, sur soi, donc de mener des expériences algériennes par rapport à l'image.» L'atelier consiste à former des jeunes à l'image, et la formation s'étale sur une année, s'attachant à donner aux stagiaires porteurs d'un projet documentaire personnel la possibilité de maîtriser le langage cinématographique et les outils audiovisuels. Cela les amènera à réaliser des documentaires véhiculant l'image sur soi. «L'idée de construire un regard intérieur commençait alors à prendre», dit-elle, et de souligner : «Ce travail a permis depuis quatre ans de développer un nouveau regard sur le cinéma, celui de s'interroger sur le regard sur soi et fait par soi». Ainsi, les ateliers Béjaïa donnent aux jeunes et ce, à travers le documentaire, une occasion d'exprimer une vision personnelle de leur réalité, mais aussi de se confronter une année durant aux différentes techniques d'écriture cinématographique, de montage et de réalisation. D'où d'ailleurs la volonté clairement affichée de Cinéma et Mémoire d'aider ces jeunes à développer un «regard sur soi». Ils bénéficient d'une formation de qualité et encadrée par des professionnels de l'image. «Nous voulons encourager une production cinématographique locale et militante», dit Habiba Djahnine, qui ajoute que «l'essentiel est que ces jeunes auteurs aient quelque chose à dire». Notons que, selon Habiba Djahnine, les rencontres du film documentaire de Béjaïa permettent, dans le cadre de la formation, un accès à l'emploi aux stagiaires, en les faisant participer en tant qu'assistants à différents tournages. Notons aussi que plus de 20 films ont été produits dans le cadre de cet atelier. Outre le volet pédagogique, c'est-à-dire la formation sur le plan technique et artistique, donc créatif, les rencontres «Béjaïa doc» proposent des projections de films, des rencontres avec des réalisateurs et professionnels, des conférences, des débats….