Avis n L'Algérie doit mettre en place une stratégie à même de répondre aux besoins des personnes âgées en perspective de l'évolution de la population algérienne. «Il faut se préparer, on n'a pas le droit d'attendre la crise pour agir», a indiqué Mme Hamoud Mouhoun de l'université de Béjaïa à l'occasion d'un colloque sur «Le vieillissement de la population et la question des personnes âgées». L'enseignante s'est longuement attardée sur «les indicateurs évolutifs de la population algérienne», qui devraient éveiller toute l'attention des autorités compétentes. Si, aujourd'hui, la proportion des personnes âgées par rapport à la population globale n'excède pas les 8%, ce taux risque d'être revu à la hausse dans quelques années. Selon Karima Bouziz, sociologue, nombreux sont les facteurs favorisant cette tendance à la hausse de la population âgée. Il s'agit, notamment, de la baisse du taux de natalité observé depuis quelques années. Le modèle de la famille restreinte ne cesse, en effet, de faire des adeptes. La troisième enquête nationale à indicateurs multiples de 2009 fait état d'un taux de fécondité estimé à 2 enfants par femme. A cet élément viennent s'ajouter le mariage tardif et le célibat. Ce dernier a atteint les 12,8% chez les femmes âgées entre 40 et 44 ans. Autant de facteurs qui augurent «d'un changement profond d'ici à une vingtaine d'années de la structure de la population avec pour conséquence la génération de nouvelles exigences sanitaires, économiques, sociales et politiques auxquelles il va falloir, d'ores et déjà, songer», a expliqué la sociologue. En attendant, la prise en charge proposée aux 2,7 millions de personnes âgées de plus de 60 ans, mérite réflexion. Devant la situation socioéconomique fragile et la dislocation de la cellule familiale, beaucoup d'enfants se désengagent de cette lourde responsabilité qui est la prise en charge de leurs parents âgés. Pour les participants au colloque organisé au mois d'avril dernier sur cette frange de la population, la question se pose notamment pour les personnes souffrant de pathologies lourdes. Ils citeront notamment la maladie d'Alzheimer, l'arthrose aiguë et les différentes maladies chroniques. Une santé fragile et presque handicapante, ces patients du troisième âge peinent à se faire prendre en charge tant en milieu institutionnel qu'en milieu familial, relève Mme Hamoud. Elle préconise, dans ce cadre, la multiplication des institutions relais et une formation spécialisée au profit des personnels affectés aux personnes âgées dépendantes.