Scène - Les représentations se sont suivies, hier, vendredi, sur les planches du Théâtre régional de Béjaïa et ce, dans le cadre de la 3e édition du festival de théâtre. C'est la compagnie Deller, venue d'Allemagne, qui a présenté au public, nombreux à assister à la pièce, une performance ayant pour titre ‘Le meilleur des amours'. La pièce met en scène deux personnages, un homme et une femme, différents l'un de l'autre, que ce soit physiquement ou sur le plan des origines : l'homme est Maghrébin, alors que la femme est Allemande. Ils ne se comprennent pas. La langue s'avère un handicap, un obstacle à la compréhension, mais ils finissent par se rapprocher. Cependant, quand l'homme déclare à sa compagne qu'il l'aime, celle-ci se retire, se retranche dans le refus et l'exclusion de l'autre. Elle le rejette, l'exclut seulement parce qu'il est différent d'elle, parce qu'elle ne comprend pas sa langue ni sa culture, parce qu'il n'est pas de la même origine qu'elle. Si au début, il y avait un rapprochement entre eux, par la suite on assiste à une distanciation frustrante pour l'homme. Celui-ci lui court après, cherche à la rattraper, et elle s'éloigne de lui, le fuit. Elle ne veut pas – ou plus – de lui, et lui l'aime et il ne comprend pas pourquoi elle l'ignore, cherche à rompre et à mettre fin à leur relation. La pièce traite avec subtilité de la question de la différence des langues, des cultures et des religions et donc des origines. L'originalité de la pièce est qu'elle comporte très peu de texte. Tout est dans le mouvement, la gestuelle : les déplacements parlent d'eux-mêmes ; ils illustrent le rapport de l'un à l'autre. Il n'y a pas de dialogue. Cela se joue avec une teneur scénique beaucoup plus en mouvement qu'en parole. S'agissant du texte : à un moment, c'est elle qui parle, et elle parle en allemand, et à un autre, c'est lui qui le fait, et c'est en français. Le public n'a pas besoin de comprendre ce que la femme dit. Car tout devient clair à travers le monologue du personnage masculin ; celui-ci donne de la visibilité et de la consistance aux propos de la femme, donc de la pièce. Plus tard, après un va-et-vient incessant, après le rapprochement, puis l'éloignement, l'on assiste à un autre rapprochement de leur part : la femme revient à lui, et lui l'accueille dans sa différence, ce qui peut l'enrichir, car on s'enrichit de l'autre. Autrement dit, l'amour va au-delà des différences, il parvient à surmonter les préjugés. Et tout est bien qui finit bien.