Résumé de la 7e partie - La princesse pose une question à son fiancé (l'Ombre) qui la dirige vers son ex-maître le savant... «Celui qui a une ombre aussi savante, se dit-elle, doit être un véritable phénix. Ce sera une bénédiction pour mon peuple, que je le choisisse pour partager mon trône : ma résolution est prise.» Elle fit connaître ses intentions à l'Ombre, qui les accueillit avec une grâce et une dignité parfaites. Il fut convenu que la chose serait tenue secrète, jusqu'au moment où l'on serait de retour dans le royaume de la princesse. — C'est cela, dit l'Ombre, nous ne laisserons rien deviner à personne, pas même à mon ombre. Elle avait ses raisons particulières pour prendre cette précaution. — Ecoute bien, mon ami, dit l'Ombre à son ancien maître le savant. Je suis arrivée au comble de la puissance et de la richesse et je pense à faire ta fortune. Tu habiteras avec moi le palais du roi et tu auras cent mille écus par an. Mais, prends-en bien note, tu passeras plus que jamais pour mon ombre, et tu ne révéleras à personne que tu as toujours été un homme. — Non, je ne veux pas tremper dans cette fourberie. A moi il serait égal d'être votre inférieur, mais je ne veux pas que vous trompiez tout un peuple et la fille du roi par-dessus le marché. Je dirai tout ; que je suis un homme, que vous n'êtes qu'une ombre vêtue d'habits d'homme, un reflet, une chimère. — Personne ne te croira, dit l'Ombre. Calme-toi, ou j'appelle la garde. — Je m'en vais trouver la princesse, dit le savant et tout lui révéler. — J'y serai avant toi, dit l'Ombre, car tu vas aller tout droit en prison. La garde arriva et obéit à celui qui était connu comme le fiancé de la fille du roi. Le pauvre savant fut jeté dans un noir cachot. — Tu trembles, dit la princesse lorsqu'elle vit entrer l'Ombre. Qu'est-il arrivé ? — Je viens d'assister à un spectacle navrant, répondit l'Ombre. Pense donc, mon ombre a été prise de folie. Voilà ce que c'est ! A ma suite elle s'est toujours occupée de hautes sciences, et la tête lui aura tourné. Ne s'imagine-t-elle pas qu'elle a toujours été homme ? Mais il y a plus : elle prétend que je ne suis que son ombre ! — C'est épouvantable ! s'écria la princesse. Elle est enfermée, n'est-ce pas ? — Oui certes, dit l'Ombre. Je crains bien qu'elle ne s'en remette jamais. — Pauvre ombre ! dit la princesse. Elle doit être fort malheureuse : un être aussi mobile qui se trouve claquemuré dans une étroite cellule ! Ce serait probablement lui rendre un grand service que de la délivrer de son petit souffle de vie. Et puis dans ce temps de révolutions, où l'on voit les peuples toujours s'intéresser à ceux que nous autres souverains sommes censés persécuter, il est peut-être sage de se débarrasser d'elle en secret. — Cela me semble bien dur cependant, dit l'Ombre d'un air contrit et en soupirant ; elle m'a servie si fidèlement ! — J'apprécie tes scrupules, dit la princesse, et je reconnais une fois de plus combien tu as un noble caractère. Mais ceux qui sont chargés d'une couronne ne peuvent pas écouter leur cœur. Donc je m'en tiendrai à ce que j'ai pensé. Le soir, toute la ville fut illuminée splendidement ; à chaque seconde retentissait un coup de canon. Les cris de joie du peuple se mêlaient aux «boum boum». C'était magnifique. Un superbe feu d'artifice fut tiré devant le palais, et la fille du roi et son époux vinrent sur le balcon recevoir les acclamations. Le bruit étourdissant de la fête ne troubla pas le pauvre savant ; il était déjà mis à mort et enterré.