Constantine - Le travail du cuivre, cet art ancestral qui faisait la renommée de la capitale de l'Est, court aujourd'hui un réel risque de disparition en l'absence de perspectives visant sa revalorisation, estiment les quelques dinandiers encore en activité au quartier Rahmani-Achour (ex-Bardo). Ce métier traditionnel tend aujourd'hui à être «déserté», les dinandiers constantinois éprouvant d'énormes difficultés à contourner les contraintes liées notamment à la cherté et à la rareté de la matière première, soulignent des professionnels de cet art millénaire, à la veille du Salon national de la dinanderie prévu dimanche prochain à Constantine. Les feuilles de cuivre proposées sur le marché local sont «bas de gamme» et sont cédées à des coûts «exorbitants», affirme Youcef, un vétéran de la dinanderie qui ne trouve plus son compte dans un marché devenu, selon lui, «hors contrôle». Pour ce sexagénaire, qui se dit très «attristé», à l'instar de ses collègues, par le manque de considération pour cette profession, «il est grand temps que les responsables concernés passent à l'action pour sauver d'une mort certaine ce métier générateur de richesses, pourvoyeur d'emplois et témoin du patrimoine du Vieux Rocher». Livrés à un chômage technique imposé par des difficultés qu'ils vivent au quotidien, les dinandiers de la ville des Ponts passent le plus clair de leur temps à nettoyer les vieilles pièces en cuivre dissimulées dans leurs anciennes boutiques. Quelques-uns d'entre eux, rencontrés dans leurs petits ateliers qui n'ont pas fonctionné depuis plusieurs années, mentionnent également le problème du manque de relève. Les jeunes affichent un «désintéressement total» à l'égard de ce métier qui n'est plus rentable et qui ne nourrit plus son homme, ont souligné les responsables de la Chambre de l'artisanat et des métiers (CAM) qui ont fait part des multiples contraintes entravant le développement de cet art qui «s'éteint à petit feu».