Colère - Face au silence des élus locaux, les citoyens répondent par la violence. Finalité des courses : d'importants dégâts matériels, plusieurs blessés et des arrestations. Les revendications de la population de la commune de Tessala El-Merdja et ceux d'Ouled Mendil dans la commune de Douéra ne se ressemblent pas, mais pour se faire entendre par les responsables locaux, ils utilisent le même procédé. Des pneus brûlés, des routes coupées à la circulation et toute la panoplie de «l'armement» dans ce genre de confrontations. Ce qui d'ailleurs a fait intervenir les brigades anti-émeutes, qui ont répondu de façon musclée pour étouffer la révolte des contestataires des deux localités. Matraques et bombes lacrymogènes sont utilisées pour disperser les frondeurs. Si au niveau de la commune de Tessala El-Merdja la revendication ayant mené à des affrontements entre les citoyens et les brigades anti-émeutes de la Gendarmerie nationale repose sur une «mauvaise» distribution de logements sociaux, au niveau de Ouled Mendil, la situation est tout autre. Les citoyens réclament de meilleures conditions de vie. Effectivement, les routes de ce patelin sont dans un état lamentable, les problèmes d'alimentation en eau potable et d'assainissement se posent avec acuité. Les protestations ont commencé dès la matinée d'hier, quand les citoyens, face au refus du premier magistrat de la commune de Douéra de les recevoir, ont cadenassé le siège de la municipalité et les bureaux des services de l'état civil. Constatant l'indifférence des élus locaux devant ce qu'ils appellent un «avertissement», les frondeurs se dirigent vers l'autoroute à l'entrée de Ouled Mendil pour y saccagé des buses d'une entreprise hydraulique et mettre le feu à des pneus et autres objets. «Le P/APC de notre commune que nous avons sollicité pacifiquement pour prendre en charge certains problèmes cruciaux de notre localité, nous a tourné le dos. Nous réclamons depuis plusieurs années, la réfection des routes qui sont devenues de véritables gouffres, le problème de l'alimentation en eau potable, celui de l'assainissement puisque toutes les demeures ne disposent pas de fosses septiques, le raccordement au réseau de gaz naturel, le réseau de téléphonie fixe qui n'existe pas ainsi que le règlement de cette école primaire partagée avec des collégiens, ce qui a fait que plusieurs enfants de ce village de 18 000 habitants ne sont pas scolarisés», lancent les citoyens de Ouled Mendil. D'autres parlent de l'absence de structures, telles que les maisons de jeunes et un stade pour les activités sportives «au profit d'une jeunesse marginalisée et gagnée par l'oisiveté à cause d'élus irresponsables», dénoncent des jeunes rencontrés face à une école traversée par un immense égout à ciel ouvert et des niches d'électricité éventrées. Même des câbles électriques d'un pilonne traînent sur le sol. Pour revenir aux émeutes, nous avons dénombré une dizaine de personnes blessées et trois arrêtées qui n'ont été libérées qu'aux environs de 19 heures. Ces jeunes émeutiers que nous avons rencontrés disent avoir été malmenés par les services de sécurité. Sur l'un d'eux, des traces de violence sont visibles sur son visage et une partie de son corps. Il a été conduit par des proches et des citoyens à l'hôpital de Douéra pour un prise en charge sanitaire. «Nous avons été malmenés, frappés et insultés par les services de l'ordre», disent-ils. Nous n'avons pas cessé de faire plusieurs tentatives pour recueillir le point de vue des responsables de la cellule de communication de la Gendarmerie nationale en vain. Même ce matin, nos tentatives sont restées vaines. Le P/APC de Douéra «Les revendications des citoyens sont légitimes» Le président de l'APC de Douéra, Sadek Mokkadem que nous avons contacté hier en début de soirée, nous a reçus au niveau du siège de la municipalité et dit reconnaître la légitimité des revendications des citoyens d'Ouled Mendil. «Les revendications des citoyens sont légitimes certes, mais certaines personnes préparant déjà les prochaines élections municipales ont manipulé ce mouvement pour nuire à la stabilité du Conseil communal», dit-il en préambule à notre entretien. Evoquant avec nous les différents points des revendications citoyennes, le premier responsable de la commune déclare qu'en ce qui concerne la réfection des routes «qui sont vraiment inaccessibles, je le reconnais. S'agissant d'un problème inscrit dans le cadre sectoriel, j'ai saisi à 14 reprises le wali délégué pour une rapide prise en charge de ce volet, en vain». Pour les autres revendications, le premier magistrat avance qu'elles sont prises en charge «toujours dans le cadre d'un plan sectoriel de développement de la commune». Il reste toutefois impuissant quant à l'école qui ne peut recevoir l'ensemble des enfants de ce patelin. «Effectivement, l'école en question fait face à une surcharge inimaginable, mais je n'y peux rien. Suite au relogement de plusieurs familles dans le cadre de la lutte préconisée par l'Etat contre l'habitat précaire, nous avons été obligés de prendre en charge toute une masse humaine d'enfants venus de divers horizons. Ce qui n'est malheureusement pas possible pour notre localité qui fait face à un immense déficit en matière d'infrastructures scolaires». Concernant les émeutiers arrêtés par les services de l'ordre, notre interlocuteur dit avoir pris attache avec le chef de brigade de la Gendarmerie nationale «qui a décidé de présenté les mis en cause devant la justice pour trouble à l'ordre public», conclut notre interlocuteur.