Revendication - Les manifestants, en majorité islamistes, présents à la Place Tahrir exigent de l'armée le transfert le plus tôt possible du pouvoir aux civils. Ils dénoncent notamment un projet accusé de permettre aux militaires de garder des privilèges. La manifestation regroupait également des sympathisants de formations laïques libérales ou de gauche, ainsi que des mouvements pro-démocratie à l'origine de la révolte qui a renversé le président Hosni Moubarak. L'armée, qui tient les rênes du pays depuis la démission du raïs a promis de céder le pouvoir aux civils une fois élu un nouveau président, mais aucune date n'a encore été fixée pour cette échéance qui pourrait ne pas avoir lieu avant la fin 2012 voire 2013. «Le peuple réclame un calendrier pour la remise du pouvoir», pouvait-on lire sur une grande banderole déployée sur la place Tahrir, épicentre des manifestations. «Ceux qui nous dirigent pensent peut-être que le temps va nous faire oublier notre cause. Ils se trompent», a déclaré lors d'un sermon devant les manifestants l'imam Mazhar Chahine, en allusion au Conseil suprême des forces armées (CSFA) au pouvoir depuis près de dix mois. Les griefs portent également sur un projet de charte de principes constitutionnels présenté par le vice-Premier ministre Ali Silmi, accusé de réduire les prérogatives du prochain Parlement. Le projet, au centre de querelles depuis des jours et plusieurs fois amendé, pourrait priver le Parlement du droit de contrôler le budget de l'armée, et laisserait aux militaires le dernier mot pour toute législation les concernant. Réclamée à l'origine par les groupes libéraux et laïcs, cette charte est désormais accusée de limiter la marge de manoeuvre de la commission qui sera formée par le prochain Parlement pour rédiger une nouvelle Constitution. «Tant que le CSFA sera au pouvoir, le Parlement n'aura aucune souveraineté», déclarait Adham Hani, un habitant de la province de Minya, en Moyenne-Egypte, venu lui aussi manifester. Malgré la présence de manifestants laïques, ces rassemblements se voulaient une démonstration de force des islamistes, au premier rang desquels les Frères musulmans, à quelques jours de l'ouverture du scrutin législatif. «A ceux qui redoutent les mouvements islamistes en Egypte, je dis qu'il ne faut pas avoir peur de l'islam dans notre pays. Qu'on le veuille ou non, l'Egypte est un pays islamique», a déclaré l'imam Chahine. Le responsable religieux a plaidé pour «un Etat civil qui soit une démocratie, avec une vision islamique, et qui permette aux gens de pratiquer leurs droits démocratiques». Cette déclaration intervient au lendemain de jets de pierres et de bouteilles contre une manifestation de centaines de chrétiens coptes au Caire, qui défilaient pour protester après la mort le 9 octobre dernier de 25 personnes, principalement des Coptes, lors de heurts avec l'armée.