Cap - «L'Europe doit prendre conscience que les masses migratoires peuvent constituer un avantage et pour son économie et pour sa société.» Pour Catherine Wanden, directrice des études, à l'Institut des études et des recherches internationales (France), invitée de l'Institut national des études stratégiques globales, les politiques migratoires des pays «donneurs et accueilleurs» de l'émigration a failli et est incompatible avec la réalité. Dans une conférence de presse, elle a souligné que la démographie détermine la politique migratoire. A cet effet, au nord, en Europe, un constat alarmant de vieillissement de la population a été établi. L'Europe a pris conscience, bien que tardivement, qu'une politique de remplacement s'est imposée. Le Sud offre apparemment cette option avec sa transition démographique qui s'étend ostensiblement vers une population beaucoup plus jeune. Ainsi, a-t-elle insisté, l'Europe a besoin de l'émigration pour faire face aux multiples enjeux économiques et politiques. Actuellement, la France est le premier pays d'accueil en Europe avec 55 000 demandeurs d'asile pour l'année 2010. Mais, précisera-t-elle, à peine 30% sont acceptés. Le monde est en train de vivre sa deuxième vague de migrations depuis le XVIIe siècle. Il y a 100 ans, observe-t-elle, il était difficile de quitter son territoire, car les régimes et empires autoritaires d'alors, maintenaient leurs populations verrouillées, parce que cette même population constituait leur ressource essentielle avec les impôts, le service militaire et l'agriculture. Pourtant, il était facile d'émigrer dans le monde entier, puisqu'il y avait peu de barrières, car tous les pays voulaient se peupler. Cependant, actuellement, c'est le contraire qui se produit. L'instauration du visa d'entrée dans dans un pays est un délit très grave, contraignant les libertés et droits internationaux, estime l'experte en relations internationales. Autre facteur pour elle, la «diasporisation» de la migration. En effet, des pays de départ encouragent l'émigration d'une certaine élite vers d'autres pays pour asseoir leurs influences dans les pays hôtes de sa diaspora, met-elle en évidence. En somme, la conférencière critique la politique européenne sur l'immigration. «Elle est restrictive et doit changer pour une plus large ouverture», dira-t-elle. Pour, le visa d'entrée dans les pays, Catherine Wanden le qualifiera de handicap non seulement pour les droits de l'homme, mais aussi pour l'économie.