Démarche - La Syrie a demandé à la communauté internationale, et en particulier aux autres pays arabes, de l'aider à trouver une «sortie honorable» à la crise. «Nous faisons appel au monde extérieur et à nos frères du monde arabe pour aider la Syrie à faire cesser l'acheminement d'armes qui arrivent dans le pays», a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Jihad Makdessi, lors d'une conférence de presse, hier vendredi à Damas. «Nous voulons que les autres, tous les autres, soutiennent l'évolution de la Syrie, pas la confrontation armée en Syrie», a-t-il insisté. «Si nous travaillons tous ensemble, nous pourrons trouver une sortie honorable à la crise». Le président syrien, Bachar al-Assad est «horrifié» et «attristé» par les violences meurtrières qui secouent le pays depuis près de neuf mois et il a promis que les responsables rendront des comptes, a assuré Makdessi. Le régime «n'a jamais donné l'instruction claire d'utiliser des balles réelles» contre les manifestants qui se rassemblent presque tous les jours depuis la mi-mars pour réclamer la démocratie. Dans un entretien accordé à ABC News et diffusé mercredi, dernier, le président Al Assad a nié toute responsabilité dans la mort de milliers de manifestants en Syrie, assurant que seul «un fou» pourrait donner l'ordre de tirer sur son peu- ple. Sur le plan sécuritaire, la situation sur le terrain ne cesse de se détériorer. Quarante et un civils, dont sept enfants, ont été tués, hier vendredi, par les forces de sécurité lors de manifestations contre le régime, notamment près de Damas et à Homs au centre du pays, selon un nouveau bilan de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Douze civils, dont deux enfants de 10 et 12 ans, ont péri à Homs, haut lieu de la contestation contre le régime et un autre enfant âgé de 14 ans a été tué dans le village d'Aqrab, dans cette région, a rapporté dans un communiqué l'OSDH. A Hama, à 210 km plus au nord de Damas, cinq civils ont été tués par des tirs des forces de sécurité, a ajouté la même source. En outre, 18 personnes ont été tuées à Douma, Saqba, Kafarbatna, Hamourié et à Dmeir, des villes de la province de la capitale Damas, a indiqué l'ONG. Une femme et une fillette ont été tuées dans la province de Deraâ, au sud du pays d'où est parti le mouvement de contestation, a précisé l'OSDH. Dans la province d'Idleb, deux civils ont été tués dans la ville de Maâret al-Nooman. Un chauffeur de taxi a péri touché par des balles tirées depuis un barrage dans cette même région, selon l'Observatoire syrien. Selon l'ONU, plus de 4 000 personnes ont été tuées par les forces syriennes depuis le début de la révolte populaire contre le régime du président Bachar al-Assad. Hier, vendredi, le Conseil national syrien (CNS), qui réunit la majorité des courants de l'opposition, a dit craindre un «massacre» à Homs, cible d'une répression violente depuis des semaines. «Toutes les informations, les vidéos, ainsi que les militants sur le terrain, affirment que le régime se prépare à commettre un massacre collectif pour faire taire la révolution à Homs et en faire un exemple pour les autres régions», a affirmé le CNS dans un communiqué. ABC accusée par Damas La Syrie a accusé hier vendredi la chaîne ABC d'avoir «délibérément» déformé les propos du président Bachar al-Assad dans sa présentation d'un entretien accordé cette semaine à cette chaîne de télévision américaine. Par ses choix de montage, ABC «a délibérément déformé les propos du président Assad» pour présenter la Syrie sous un jour négatif, a déclaré le porte-parole du ministère syrien des Affaires étrangères, Jihad Makdessi. «Je ne sais pas qui a commis l'erreur. La chaîne a supprimé de longs extraits de l'interview se contentant d'une réponse incomplète». «C'est une erreur délibérée, car ils veulent montrer la Syrie à l'opposé de ce qu'elle est en réalité », a poursuivi Makdessi. Mercredi, dernier, la Syrie s'était déjà étonnée après des déclarations du porte-parole du Département d'Etat américain, qu'elle a accusé d'avoir «déformé» les propos de Assad. Dans un entretien accordé à ABC News, le président Assad a nié toute responsabilité dans la mort de milliers de manifestants en Syrie, assurant que seul «un fou» pourrait donner l'ordre de tirer sur son peuple. Et s'il a concédé que des membres des forces armées aient pu aller trop loin dans la répression, ça a été pour mieux s'en démarquer: «Je suis président. Je ne suis pas propriétaire du pays. Ce ne sont pas mes forces», a-t-il assuré, ajoutant: «Il y a une différence entre une répression politique délibérée et quelques erreurs commises par certains responsables.