Constat - Après avoir opté pour le professionnalisme, le football algérien poursuit son chemin en naviguant à vue, sans véritables repères, ni de réelles évaluations dans le cadre d'une démarche harmonieuse, réfléchie et progressive. Il ne faut pas trop se leurrer en se fiant à des chiffres comme la 30e place de notre Equipe nationale au classement FIFA du mois de novembre ou bien celui Mondial des clubs où le Mouloudia d'Alger pointe à la 170e. Ces chiffres sont loin de refléter la réalité de la situation de notre football dont les clubs sont censés être la locomotive de la professionnalisation, car sans eux, le chantier, espéré par les instances de ce sport et les pouvoirs publics, n'avancera jamais au rythme voulu. Prenez par exemple, les obligations faites aux clubs de respecter le cahier des charges qui leur est soumis depuis plus d'une année, peu ou pratiquement pas de choses ont été faites. Certains clubs estiment toujours qu'il y a eu précipitation de la part de la Fédération algérienne de football d'opter pour le professionnalisme sans que l'environnement soit préparé à faire le grand saut. Le directeur de la Société sportive par actions (SSPA), le Doyen, Kamel Abdelouahab, est catégorique, lui, qui est dans la gestion tous les jours au MC Alger : «Je reste toujours convaincu que les pouvoirs publics ont précipité les choses, sous la pression de la FIFA, et n'ont pas donné du tout le temps aux clubs pour se préparer. Ils ne devaient pas se précipiter, mais plutôt jauger des capacités des uns et des autres avant de s'embarquer dans l'aventure du professionnalisme. Il fallait opter pour une dizaine de clubs, par région ou par grande ville, avec un accompagnement durant trois ans au moins, avant d'étendre le projet à d'autres formations», expliquait-il. Allons dans les détails. Prenons les déclarations parafiscales, sur les 32 clubs affiliés à la Ligue nationale de football professionnel (LNFP), 23 sont affiliés à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNAS) dont douze (12) n'ont procédé à aucune déclaration à ce sujet. Certains clubs, comme le CS Constantine, refusent toute déclaration de leurs employés (joueurs et autres salariés), contrairement à l'USM Alger qui possède le plus grand nombre de salariés, soit 133. Pour les autres clubs, le chiffre varie entre la trentaine et la quarantaine d'employés. Les onze clubs ayant déjà déposé leurs déclarations sont : l'USM Alger, JSM Béjaïa, ES Sétif, MC Oran, MC Saïda et WA Tlemcen (pour la Ligue 1), l'USM Annaba, le CA Bordj Bou-Arréridj, le MO Constantine, l'Olympique Médéa et le SA Mohammadia. Cette situation a amené les pouvoirs publics à mettre en place une commission ad hoc composée de représentants du ministère de la Jeunesse et des Sports, de la Ligue et du ministère de l'Emploi et de la Sécurité sociale pour faire le point sur ce volet important que sont les déclarations sociales des salariés, une obligation réglementaire, sachant que la part patronale (26%) relevant des impôts n'est pas payé par la quasi-totalité des clubs. Ces derniers estiment que les sociétés qu'ils ont créées n'arrivent pas à activer et que leur compte recette est pratiquement dérisoire. D'ailleurs, les rares sociétés qui ont présenté leur premier bilan de l'exercice 2010, font ressentir des résultats négatifs et un montant des dettes qui varient d'un club à un autre. Normal, diront les financiers, car durant les deux ou trois premiers exercices, les recettes induites par la billetterie par exemple ou bien par l'apport de sponsors ne peuvent peser sur la comptabilité des clubs qui doivent développer d'autres activités à même de leur assurer un autofinancement à terme. Et au moment où des clubs de la région arabe comme l'Espérance et Al-Saad du Qatar disputent en ce moment la Coupe du monde au Japon, nos clubs restent à la traîne sur tous les plans et le retard accusé dans plusieurs domaines, notamment celui de la formation va pénaliser notre sport roi durant encore plusieurs années. La gifle L'Olympique Lyonnais préfère aller se préparer ailleurs En visite la semaine dernière à Alger, le conseiller sportif de l'Olympique Lyonnais et ancien international Français Bernard Lacombe était venu prospecter la possibilité pour le club cher au président Aulas et qualifié aux huitièmes de finale de la Ligue des Champions de se préparer en Algérie durant la trêve hivernale. On a laissé entendre que ce stage allait être ponctué par un match amical (le 4 janvier 2012) contre l'USM Alger, club, dont les dirigeants, ont accueilli chaleureusement l'ancien baroudeur du football français, lui faisant visiter le stade Omar-Hamadi, non concerné par la demande lyonnaise, mais aussi d'autres stades. Et comme il fallait s'y attendre, ni les stades Tchaker de Blida ni celui de Koléa n'ont convaincu Lacombe, et encore moins la piteuse pelouse du stade du 5-Juillet, enceinte qui devrait accueillir la rencontre entre les Rouge et Noir et l'OL. Pis encore, la réponse a été, certes courtoise, mais cinglante de la part du club lyonnais qui devra se rabattre sur la Tunisie ou le Maroc, les deux voisins qui offrent toutes les commodités pour bénéficier d'une bonne préparation et pourquoi pas un match amical comme ce fut le cas la saison dernière lors de l'inauguration du magnifique stade de Marrakech où le Kawkab local avait joué contre … Lyon justement ! La leçon doit être prise au sérieux : cela ne sert à rien de se faire une fausse publicité quand on n'a ni l'infrastructure nécessaire pour accueillir nos hôtes, car même l'hospitalité coutumière des Algériens ne fonctionne plus dans le monde professionnel. Et dire qu'il y a deux ou trois décennies en arrière, de grands champions du monde, notamment en athlétisme, effectuaient leur préparation hivernale en Algérie. Quelle régression. L'échec Pas de formation, pas de résultats Le bureau fédéral de la Fédération algérienne de football (FAF) a tenu une réunion hier, au centre technique de Sidi Moussa, pour faire le point sur plusieurs dossiers et faire un peu le bilan sur une année 2011 à mettre pratiquement aux oubliettes pour le football algérien. L'un des dossiers traités, c'est celui de l'équipe nationale Olympique dont le rapport de participation a été présenté par le chef de mission, le Dr Yacine Benhamza, et non pas par le sélectionneur national Azzedine Aït Djoudi, dont le rapport technique n'a pas encore atterri sur le bureau du président. En attendant, la fédération veut tirer son épingle du jeu en rappelant les grands moyens mobilisés pour la préparation de cette sélection des U23 afin d'essayer de décrocher une place aux JO de Londres l'été prochain. Le BF s'est fondu dans un grand regret suite à cette «élimination inattendue», signifiant par-là que la faute incombe quelque part au staff technique qui a failli à sa mission avant d'évoquer le problème de fond auquel est confronté le football algérien, celui de la formation. Là également, les membres du bureau fédéral constatent amèrement que la «formation est inexistante au niveau des clubs et que les jeunes joueurs, même talentueux, manquent de temps de jeu et n'arrivent pas au moment des échéances internationales à atteindre le haut niveau». Le problème dans tout ça, c'est que la FAF oublie qu'elle n'a pas encore désigné officiellement un directeur technique national (DTN), puisque Boualem Laroum n'est qu'intérimaire depuis presqu'une année, alors cette structure, ô combien importante, est restée presque vide depuis le début du mandat de l'actuel président. De plus, la politique adoptée jusqu'à maintenant n'a pas donné les résultats escomptés : où sont les U17 finalistes de la CAN 2009 et qualifiés au Mondial de la catégorie au Nigeria. Qu'adviendra-t-il des U23, passés dernièrement à la trappe des JO et des U20 qui vont disputer la CAN 2013 que l'Algérie organise. C'est une bonne chose, mais si notre pays n'accueillait pas ce tournoi, notre sélection serait-elle qualifiée ? Pas très sûr. Nous reviendrons sur cette formation et sur ce qui se fait au niveau de la fédération dans nos prochaines éditions, mais en attendant aucun club n'a entamé les travaux de son centre de formation, comme cela a été annoncé dans le cadre de l'accompagnement de l'Etat du professionnalisme. Un signe qui ne trompe pas. Le recrutement Assainir les contentieux financiers d'abord… Les clubs n'ayant pas assaini leurs contentieux financiers avec les joueurs sont interdits de recrutement, a indiqué hier le Bureau fédéral de la Fédération algérienne de football (FAF). «Conformément aux décisions de la commission de résolutions des litiges et de certains jugements rendus par le TAS d'Alger ainsi que du délai fixé par la commission de discipline de la LFP, les clubs qui n'ont pas assaini leurs contentieux financiers avec les joueurs sont interdits de recrutement et cela nonobstant les autres mesures que pourrait prononcer la commission de discipline à l'avenir», selon le Bureau Fédéral qui s'est réuni hier au Centre Technique National de la Fédération Algérienne de Football sous la présidence de M. Mohamed Raouraoua, Président de la FAF.