Passion - Abderrahmane Amalou a plus d'une corde à son arc. Il est tantôt poète, tantôt compositeur, tantôt conteur. Il est nourri aussi bien de littérature que de musique. Il est pétri de mots comme de notes. «J'essaie de laisser parler mon imaginaire qui est issu d'une part de moi-même ou de l'observation des autres», dit-il. «Très jeune, j'étais déjà curieux et observateur. J'aimais tout ce qui se racontait, ce qui se faisait, ce qui se chantait. Et la première approche s'est faite dans le milieu familial : j'avais une chance exceptionnelle ma grand' mère paternelle (que Dieu ait son âme) était poète. Elle transmettait oralement tout ce qu'elle avait appris comme poésie, proverbes, contes. Elle composait des vers et aimait les déclamer lors des événements heureux. J'aimais l'écouter. Mon enfance et mon adolescence se laissaient bercer par elle dans l'imagination, le rêve, le voyage ; le passé…» Interrogé sur le lien entre l'écriture et la musique, Abderrahmane Amalou répond : «L'écriture et la composition : ce sont pour moi deux belles choses qui généralement vont ensemble et se complètent, sans oublier les autres comme la peinture, le cinéma… » Abderrahmane Amalou, qui se dit toujours passionné de culture variée et amoureux de l'art, vient de publier un recueil de poèmes intitulé : Les Maux, les Mots (traduit en sept langues). «Je raconte la société, la communication avec l'autre : un regard sur la vie sa perplexité sa complexité… Comme chaque poète, j'expose mes émotions car les mots provoquent, interpellent, blessent et réconfortent. Dans un monde de haine, de violence, d'incertitude, chaque mot a un bruit en rapport avec la situation : il peut laisser entrevoir le beau temps comme l'hiver. La société, la misère, le rêve, le bonheur, le mensonge, le pardon, la solitude, la faiblesse… sont des thèmes d'inspiration de beaucoup d'auteurs.» Ce même recueil a été aussi transcrit en quatre langues «Braille» (français, arabe, espagnol et tifinagh) et ce, grâce au concours du Dr Yacine Mira (Responsable de l'Atelier Braille au niveau de l'Office national des publications scolaires d'El-Achour). A la question de savoir la raison l'ayant motivé à transcrire son recueil en Braille, Abderrahmane Amalou souligne : «Le manque d'ouvrage en Braille m'a encouragé à réaliser un de mes vieux rêves : mettre mon savoir et mes connaissances à la disposition de la frange des non-voyants instruits et motivés par le savoir : leur faire goûter un peu de ce qui se fait en poésie et en musique, en deux mots : ‘'Voir par le Savoir''.» «Chez moi cette attitude est spontanée, c'est un élan humain, naturel. Pour cela, j'ai mis gracieusement à la disposition des non-voyants plus d'une dizaine de mes livres transcrits en Braille pour leur permettre d'avoir un fonds documentaire de culture générale (poésie, religion, conte, littérature, musique, tourisme…). Par conséquent, la situation des handicapés interpelle chacun de nous à les accompagner dans leur combat pour l'égal accès au savoir.» Abderrahmane Amalou fait savoir ensuite qu'en cette fin d'année, les non-voyants ont bénéficié du calendrier de l'année 2012 en Braille français (une première, selon lui, dans le domaine du Braille en Algérie). - La poésie, tout comme les proverbes, est écrite, se transmet oralement, se chante. C'est un genre littéraire à part entière, tout comme le roman ou la nouvelle. Il se trouve cependant qu'elle a très peu de place dans le paysage éditorial algérien. «Dans notre pays, elle est un peu boudée d'abord par les éditeurs qui hésitent longtemps avant d'éditer les ouvrages, ensuite par le public qui préfère d'abord le journal puis le roman», explique Abderrahmane Amalou, et de poursuivre : «Mais saluons au passage les initiateurs des actions qui sont menées pour promouvoir la lecture publique et notamment la campagne nationale des ramassages de livres. Ce qui permet aux bibliothèques dans le sud de notre pays de s'enrichir de supports.» Notons qu'Abderrahmane Amalou a également écrit un conte pour enfant qui a pour titre Histoire de chats. Ce livre a été distribué à l'occasion de la Journée Internationale de l'Enfant en juin 20011 au niveau de l'Ecole des non-voyants d'El-Achour et également pendant le Salon du livre et de Jeunesse à Riad el Feth. C'est un conte d'expression française transcrit aussi en Braille.