Deuil - A 76 ans, Omar Kezzal, ancien président de la Fédération algérienne de football (FAF) durant trois mandats aux fortunes diverses, vient de nous quitter sur la pointe des pieds après avoir longtemps lutté contre la maladie. Les feux de la rampe étaient déjà éteints depuis longtemps sur celui qui a occupé le fauteuil de président de la FAF à trois reprises : (1982-1984), (1989-1992) et (2000-2001). Trois mandats durant lesquels, feu Omar Kezzal a connu des hauts et des bas, avec, au sommet de sa carrière, le sacre, le seul d'ailleurs, du football algérien à l'échelle continentale à la CAN 1990 qu'il a organisée ou bien le jour où il reçut l'ordre du mérite de la Confédération africaine de football (CAF) pour services rendus au sport roi continental. Il connaîtra des années amères aussi à la tête de l'instance fédérale, soit par faute de moyens ou bien en subissant la loi d'un milieu du football déliquescent, voire l'ingérence de la tutelle, mais pas autant que celles qu'il vient de vivre depuis qu'il a quitté le monde ingrat du football et fait face à une maladie qui a fini par l'emporter. Kezzal était le modèle même du commis de l'Etat, honnête, loyal, intègre et compétent qui servait à chaque fois avec sérieux, abnégation et passion l'instance ou l'institution qui lui est confiée. Il était également un visionnaire, et l'histoire retiendra que c'est grâce à lui que l'informatique a fait son entrée aux Postes et Télécommunications et à la fédération. Tous ceux qui l'ont connu et côtoyé sont unanimes à dire que si Kezzal avait bénéficié des mêmes moyens et environnement dont dispose aujourd'hui la FAF, il aurait fait des miracles. Surtout à l'heure où l'Algérie du football est en phase d'entamer – difficilement – le passage au professionnalisme. Parmi les nombreuses vertus que nous gardons de Kezzal, c'est cette humilité et ce calme olympien avec lesquels il faisait face aux situations les plus délicates lors de ses passages à la tête de la FAF. Désigné la première fois au lendemain du Mondial-1982, Kezzal a dû gérer les turbulences d'un football national tombé dans ses travers et dans l'instabilité juste après l'euphorie qui a suivi la grande victoire contre la RFA (2 à 1). Il mettra fin à ses fonctions deux ans plus tard, non sans avoir décroché, avec l'équipe nationale, la troisième place du podium de la CAN-1984 en Côte d'Ivoire, qui reste le meilleur résultat des Verts après le succès de 1990. C'est d'ailleurs sous sa coupe, soit de 1989 à 1992, que le parcours de notre football a été le plus concluant avec le seul titre africain qui, malheureusement, n'a pu survivre aux événements qui allait ébranler le pays et qui coïncidait avec un grand changement dans sa politique sportive : le retrait de l'Etat des clubs sportifs à la faveur d'une loi promulguée en 1987. Qui ne se rappelle pas de ses assemblées générales houleuses qui avaient lieu à son époque, et qui ont fini par altérer son honnêteté et son pragmatisme. Le football avait changé, ses hommes également, et un homme comme Kezzal ne pouvait plus avoir sa place dans ce milieu. Ce qui explique son dernier passage du côté du siège de Dely Ibrahim, le plus court d'ailleurs, entre août 2000 et août 2001, où il tenta une ultime fois de remettre de l'ordre dans une discipline minée par des querelles de clocher et de redresser une instance en proie à d'immenses difficultés, y compris de la part de la tutelle. Depuis ce temps, Omar Kezzal s'est retiré dans sa bulle, se refusant, fidèle à son éducation et à ses principes, de s'attaquer à qui ce soit ou de solder un quelconque compte. Les rares fois où certains de ses amis, notamment ceux de la presse, l'ont sollicité pour s'exprimer, sur tel ou tel autre sujet, il aura à chaque fois le verbe juste et pondéré. Ses analyses fines et sa démarche méthodologique étaient même appréciées par de grandes personnalités du football, comme ce fut le cas avec le président de la Fédération française de football de l'époque, Fournet Fayard qui n'hésitait pas à l'appeler pour profiter de ses précieux conseils. Avec la disparition d'Omar Kezzal, c'est le football algérien qui perd un de ses grands hommes, un de ses serviteurs les plus loyaux et un personnage qui a marqué de son empreinte ses nombreux passages. Son enterrement devait avoir lieu aujourd'hui (dimanche) après la prière du Dohr au cimetière de Ben Aknoun (Alger). Son parcours -Né le 8 mai 1935 à El-Biar, à Alger, Omar Kezzal n'a jamais quitté son quartier où il a vécu et quitté ce bas monde. - Licencié en droit et père de quatre enfants. -Il joua dans les petites catégories de la JS El-Biar avant d'évoluer à l'AS Chèques Postaux. n Les postes qu'il a occupés : - Membre de la ligue régionale (1968-1971). - Secrétaire général de la FAF (1975-1978). - Président de la FAF : (1982-1984), (1989-1992) et (2000-2001). - Membre de la CAF (1989-2003). - Membre de la FIFA (1990-2004). - Directeur des P et T. -Ses distinctions : - Vainqueur de la CAN 1990. - Vainqueur de la coupe afro-asiatique en 1991 face à l'Iran. - Médaille de bronze à la CAN 1984. - Honoré par la CAF en janvier 2010, lors de la CAN en Angola, pour l'ensemble de sa carrière et services rendus au football algérien et celui du continent.