Des milliers de Tunisiens, hommes, femmes et enfants, se sont rassemblés ce matin sur l'emblématique avenue Bourguiba à Tunis pour fêter le premier anniversaire de la chute de Ben Ali et clamer leur droit au travail et à la dignité. «Bon débarras Ben Ali !» chantaient des manifestants avant de reprendre en chœur le célèbre «Dégage !» qui a marqué la révolution tunisienne. Ils avaient commencé à se rassembler dès 07H00 du matin, une dizaine de jeunes avaient même passé la nuit devant le théâtre municipal sur l'avenue. Des barrières interdisaient un large périmètre devant le ministère de l'Intérieur, symbole de l'ancien régime devant lequel avait commencé la dernière manifestation avant la fuite de Ben Ali, il y a tout juste un an. «Travail, liberté et dignité», «Le travail est un droit», «Tunisiens restez debouts», «Nous allons continuer la bataille», scandaient les manifestants, parfois venus en famille, avec des petits enfants enroulés dans le drapeau tunisien. L'ambiance était à la fois festive et revendicative. «Nous avons fait cette révolution contre la dictature pour imposer notre droit à une vie digne, et non pour aider certains opportunistes à réaliser leurs ambitions politiques», s'indignait Salem Zitouni, 33 ans. D'autres réclamaient la reconnaissance pour les «martyrs» abattus lors du soulèvement du décembre-janvier. «Nous sommes fidèles au sang des martyrs», "Nous n'oublierons jamais nos martyrs et nous allons continuer leur chemin», pouvait-on lire sur des banderoles. Plusieurs blessés de la révolution ont d'ailleurs entamé un sit-in ce matin devant le palais gouvernemental à la Kasbah. D'autres manifestants brandissaient une grande carte des villes tunisiennes, particulièrement dans le centre du pays où sont tombées les victimes du soulèvement populaire qui chassa l'ancien président Ben Ali et le força à fuir en Arabie saoudite après 23 ans de règne de fer. En tête de cette liste figure le nom de Mohamed Bouazizi, le vendeur ambulant de Sidi Bouzid (centre-ouest) qui s'était immolé par le feu fin 2010 et dont le geste a déclenché la révolution en Tunisie et le «printemps arabe». Selon un décompte de l'ONU, 300 Tunisiens ont été tués et 700 blessés durant le soulèvement. «Nos blessés et nos martyrs n'ont pas eu la reconnaissance qu'ils méritent» avait estimé la veille le président tunisien Moncef Marzouki dans une déclaration diffusée sur la chaîne nationale.