Le coup d'envoi du cycle «Fantaisies orientales du cinéma espagnol» a été donné, hier, à la cinémathèque d'Alger, avec la projection du long-métrage ‘La chanson d'Aïcha'. Projeté en version doublée en arabe, ce film réalisé par Florian Rey en 1939, est une comédie musicale. Il raconte l'histoire de deux cousins qui enterrent la hache de la guerre grâce à l'amour de Aïcha, la danseuse. Réalisé au goût de l'Occident, ne laissant à aucun moment d'une scène indifférent, ce film illustre un Orient chamarré, pittoresque, touchant. Il renvoie à un ailleurs lointain, perçu autrement, selon les propres catégories mentales de l'Occident. Des lieux re-imaginés, parfois sensuellement fantasmés, lorsqu'il s'agit de représenter l'élément féminin. Une réalité exotique fascinante et pleine de mystère, alimentée du passé d'Al Andalous. Ce film adhère alors à une cinématographie orientaliste développée par l'Espagne entre les années 1940 et 1960. Ce genre de cinématographie a traduit un imaginaire d'orientaliste, donc la vision de l'Occident de ce monde fascinant et énigmatique, qu'est l'Orient. La réalité transfigurée, déformée ou détournée, relève aussitôt du magique et du mystérieux. Ce cinéma de tendance orientaliste, en vogue à l'époque, décrit des atmosphères sensuelles et chargées de sensations. C'était, rappelons-le, un cinéma d'évasion, donc qui faisait rêver. ‘La chanson d'Aïcha' comme d'ailleurs le reste des films entrant dans cette catégorie, ne peut prétendre à aucune origine – ou référence – historique (comme c'est le cas d'ailleurs pour l'orientalisme). Il ne prétend pas être réaliste. Il s'agit simplement d'un cinéma né d'un regard et d'une envie, voire d'un fantasme purement occidental et ce, en vue de susciter le rêve, d'alimenter l'imagination. C'était un cinéma naïf, soucieux uniquement de représenter d'une façon simple – et parfois puérile – une fantaisie orientale. Le film présenté au public est pareil à une peinture d'une extrême richesse visuelle, pleine de charme et de fantaisie. Notons que ce cycle est initié par l'Institut Cervantès en partenariat avec la cinémathèque d'Alger. Il est coordonné par la Maison arabe et on peut y découvrir le regard du cinéma espagnol sur le monde arabe. Installée à Cordoue et à Madrid, La Maison arabe (Casa arabe) est une institution chargée de la recherche et de l'étude du monde musulman et arabe contemporain.