Charme - Malgré leur côté sauvage et inaccessible qui attire très peu de touristes et même très peu d'Oranais, les plages de Kristel sur le côté est d'Oran ont, elles aussi, leur petite légende et leur mythe local. Une route sinueuse à flanc des montagnes, très peu d'infrastructures et de commodités, de l'eau rationnée, une vieille école, une très vieille mosquée, les mêmes familles depuis plus d'un siècle et demi à la tête du foncier, un système de foggara pour l'irrigation obsolète, Kristel est une ville moyenne bâtie au temps de l'émir et qui n'a même pas le statut de daïra. Et pourtant ce hameau qui a su parfaitement distribuer une eau rare et la répartir entre les propriétaires de potagers, était, il y a quelque siècles, considéré comme le ventre d'Oran en fruits et en légumes. Les anciens, tous pêcheurs ou fils de pêcheurs, prétendent que le nom de leur ville, Kristel, ne serait qu'une contraction de «Kerch Etell» (l'estomac du Tell). Cela est si vrai que les historiens racontent que les conquistadors espagnoles, fraîchement débarqués à Oran venaient y faire leurs courses deux fois par mois. Ils racontent également que le dernier Bey d'Oran, Bouchlaghem venait chaque jour en carrosse pour choisir lui-même ses légumes. Il avait même pris l'habitude sur le chemin du retour de faire sa prière du Dohr au pied de la montagne des Lions et même de faire la chasse à quelques-uns. Pour sa prière il s'est fait construire une petite mosquée en rase campagne qu'on peut distinguer aujourd'hui sur la route nationale entre Oran et Mostaganem malgré sa transformation en ferme céréalière. Contrairement à ce que l'on a longtemps propagé, les lions ont effectivement infesté la montagne qui domine Kristel et qu'on appelle parfois aussi la montagne carrée. Selon un vieux conte tiré du terroir de Kristel, un saint aurait dompté deux fauves qui lui auraient servi d'attelage pour tirer ses bûches jusqu'à la mer. Pour honorer sa mémoire, un mausolée lui a été construit et les fidèles lui sacrifient chaque année un bœuf dont ils passent le museau au parfum et au henné. Les touristes et les visiteurs qui assistent au cérémonial en maillot de bain sont toujours ravis. Historiquement le dernier Lion d'Afrique a été abattu ici même en 1901 grâce à une battue organisée par des colons excédés par les ravages commis par ces bêtes. C'est sans doute en souvenir de ce roi de la forêt que la ville d'Oran a fait imprimer deux lions sur ses armoiries. Elle a fait mieux, elle a fait sculpter sur du marbre deux imposants fauves à l'entrée de l'hôtel de ville comme un clin d'œil à une histoire après tout très récente. Gâtés Les touristes et les baigneurs de Aïn Témouchent entre autres des plages El Hillel, Terga et surtout Sidi Djelloul sont particulièrement gâtés en été. Ils sont régulièrement invités à manger du couscous organisé par les multiples «ouadas» dans la région en plus du spectacle de la fantaisie donné en rase campagne... à quelques petits kilomètres de la berge.