C'est en dévalant la route pente raide que nous filons droit vers le petite localité de Kristel, où l'on aborde les maquis en lisière typiques des petits villages de pêcheurs. A Kristel, peu exubérant en période automnale, même les paysages délicats et les scènes des oiseaux migrateurs que révèle la zone montagneuse et les dépressions sont empreints de gravités. Malgré des handicaps liés à l'enclavement et au relief accidenté de son territoire, Kristel est avant tout une localité à vocation piscicole qui veut sortir de l'oubli. Avec des projets ambitieux et son architecture prématurément vieillie, Kristel est marqué par son destin de village à l'orée de la mer. Certes, de nouvelles habitations ont été édifiées par les « Kristelis » émigrés en France et ailleurs pour loger leurs familles. Mais en vérité, Kristel, située en un point particulièrement stratégique en bordure des villes d'Oran et d'Arzew, est avant tout un nœud de communication maritime et terrestre. Les habitants de « Kerchet Ettel » voient la beauté du site rétrécir comme une peau de chagrin. En effet et vue de près, l'abandon à outrance de cette paisible localité a fini par provoquer des disparités parmi la population dont une majorité a préféré plier bagages. Pour des raisons évidentes liées à l'absence de politique sociale, des superficies importantes ne sont plus exploitées par les petits agriculteurs. Ainsi, sur une trentaine de fellahs qui exploitaient les jardins potagers, seuls 10 maraîchers ont pu s'accrocher à leurs modestes exploitations. Dérisoire budget À côté de ces extrêmes, le chômage, qui touche de plein fouet 70% des jeunes, n'est pas fait pour arranger les choses. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, la petite localité de Kristel ne profite pas de la manne pétrochimique des pôles industriel et pétrochimique que sont Oran et Arzew. Hormis un dérisoire budget de fonctionnement, Kristel fait piètre figure devant les communes d'Arzew et de Gdyel lesquelles accumulent la taxe sur l'activité professionnelle (TAP). « Nous demandons seulement la prise en charge de nos problèmes sociaux et la valorisation de notre patrimoine balnéaire et touristique qui suffiraient à faire vivre largement la commune », affirment les habitants rencontrés sur place. Selon eux, une partie de la localité est anarchiquement exploitée par une poignée d'opportunistes qui n'ont cure de la situation socioéconomique de Kristel. Même l'exploitation des plages rocheuses du littoral est assiégée par des masses de remblai et de déchets durant la période estivale. Les habitants lorgnent les potentiels investisseurs pour faire prospérer le tourisme balnéaire dont la beauté du site marin et montagneux est incomparable. Mais si 40% de la population semble vivre de la pêche, 60% des habitants de Kristel aspirent à vivre du secteur du tourisme. L'inexistence de structures d'accueil comme les hôtels ou les complexes dénaturent le sens même du cachet de Kristel qui reste, malgré tout, une localité côtière par excellence. « Les rares investisseurs qui daignent mettre leur argent dans des projets touristiques se rétractent devant l'absence de viabilisation et les lenteurs administratives », déplorent des jeunes chômeurs. A présent, leurs yeux sont rivés sur l'abri de pêche en construction tant attendu par les pêcheurs qui n'auront plus à écouler leurs prises à Oran ou à Arzew. Devenue commune à la faveur du découpage de 1985, Kristel est aussi réputé pour la saveur de son eau limpide, la fraîcheur de ses maraîchages et la succulence de ses poissons. L'espoir renaîtra sans doute après la concrétisation de l'abri de pêche au profit des jeunes chômeurs qui ne peuvent aller en mer faute du précieux fascicule qui ouvre la voie maritime aux embarcations de pêche de fortune.