Scène - La pièce soulève des interrogations sur la relation qu'entretenait le couple avant sa séparation. «Fragments d'un dialogue amoureux» est une pièce théâtrale présentée, hier, à la salle El Mougar. Elle est conçue comme un huis clos où s'affronte un couple. Cette pièce est écrite et mise en scène par Redouane Cherrad – celui-ci a joué le rôle de l'homme, Nesrine Belhadj a endossé celui de la femme. ‘Fragments d'un dialogue amoureux' raconte l'histoire d'un couple séparé qui, par un besoin mutuel de se rapprocher, donc de se réconcilier, décide de revisiter son passé à travers un échange de lettres. Les lettres échangées par les deux personnages se lisaient en langue française et en arabe dialectal. La pièce, jouée dans un décor à la fois sobre et sombre, s'organise, se construit au fil du jeu sur la base d'un dialogue : chacun déclame, sur un ton nostalgique, les instants passés, instants que tous deux ont partagés avec passion. L'on peut déceler dans les lettres dites avec autant d'émotion que de vérités des états d'âme : déception, frustration, solitude, fierté, soumission, révolte et satisfaction. Produite par l'association culturelle «Espaces de Sétif», cette pièce, qui met en espace des situations complexes et, parfois, équivoques, soulève des interrogations sur la relation qu'entretenait le couple avant sa séparation. C'est une pièce qui s'interroge sur l'intimité du couple. Ils ont décidé d'évoquer leur vie commune pour parler avec sincérité de ce qui était leur amour. Il s'agit là d'une mise au point de leur relation. Ils reviennent naturellement – et de toute évidence – sur leur passion, leur complicité mais aussi sur leur déchirement, leur blessure. Ainsi, les protagonistes, en allant au bout de leurs reproches mutuels et des rancœurs accumulées, vont déballer leurs non-dits, se livrant à une véritable autopsie de leur relation. Cela se fait dans un jeu instantané, avéré, équilibré. La repartie se fait avec justesse et est menée dans un confort scénique saisissant. Ce jeu, qui confère à la pièce force et caractère et aussi originalité, se déploie dans une mise en scène dépouillée et moderne. Tout est focalisé sur les deux personnages. L'intensité émotionnelle que dégageait la pièce est accentuée dans une ambiance sombre et monotone par les vibrations mélancoliques que générait le luth. L'accompagnement musical est assuré par Mohamed Zam. Ce qui est intéressant, c'est que la pièce propose, outre le plaisir du spectacle, des moments de réflexion relevant de l'ordre sociologique ou psychologique. Et c'est au public de lire, d'interpréter ou même d'analyser le contenu de la pièce. Autrement dit, c'est lui qui en détient la clé dans la façon qu'il a de définir le couple ou de le nier, suivant sa propre représentation de la relation conjugale.