Représentation n Dans le cadre du festival international, le TNA a accueilli, hier, le théâtre régional de Skikda. C'est devant un public nombreux qu'a été jouée Amama assouar el-madina, une pièce écrite par Tankred Dorst, adaptée par Khaled Bouali et mise en scène par Sonia. Cette pièce a été doublement récompensée lors de la précédente édition du Festival national du théâtre professionnel et ce, pour le prix de la meilleure interprétation féminine qui est revenu à Lydia Larini et celui de la meilleure mise en scène attribué à Sonia. Elle raconte l'histoire de Houria et de Houcin, son époux, son bien-aimé. Cette femme à caractère, déterminée et révoltée, s'en va, coûte que coûte, chercher son mari, enrôlé malgré lui, pour une cause qui n'est pas la sienne, dans l'armée de l'empereur, un dictateur sans conscience. Elle s'en va au pied de la muraille, un rempart la séparant de celui qu'elle aime, réclamer son mari, crier sa colère. C'est ainsi que Houria, éplorée, dénonce à haute voix, avec toute la force de son corps, l'injustice dont elle est victime. Elle va aller jusqu'à cracher sur la muraille qui représente l'autorité. Elle se dresse par le verbe contre l'oppression et le totalitarisme. Elle crie sa souffrance et sa haine, sa frustration et son désespoir. Le rideau se lève sur une scénographie sobre, dépouillée de tout ce qui est supplétif : une muraille comme seul élément composant le décor. Cette scénographie simple, mais ô combien significative, revêt une symbolique : une barrière délimitant l'espace du commun de celui de l'élite, une frontière séparant le dehors du dedans, le peuple de l'autorité... La muraille représente la limite, illustre les droits bafoués, la répression des libertés fondamentales. L'autorité exige néanmoins du couple de justifier leur relation, leur union pour que Houcin soit autorisé à aller rejoindre Houria. C'est alors que le couple se met à parler devant l'autorité. Chacun dit l'autre. Mais le Pouvoir, mesquin et trompeur, trouve un moyen de réfuter la plaidoirie du couple, et c'est ainsi que Houria est définitivement séparée de Houcin. La pièce se termine sur un ton de colère et de révolte. La pièce est rehaussée par une interprétation certaine, juste et appropriée dans laquelle la comédienne, Lydia Larini, s'est admirablement distinguée par un jeu accrocheur d'un bout à l'autre de la pièce. Sa présence est centriste, elle est le pivot de la pièce. Car même si d'autres personnages viennent se greffer à elle, elle reste néanmoins le personnage principal d'où découle l'intrigue et se déroule l'action dans une théâtralité tout en volume. Cela donne une consistance scénique et une prestance en relief. En outre, si les autres personnages qui l'accompagnent dans son jeu sont vêtus à l'identique, de costumes sombres et opaques, elle, au contraire, porte un vêtement clair et coloré : jaune et rouge, pour rendre sa présence encore plus marquante.