La valse - Le responsable de la section football du MC Alger, Omar Ghrib, est en passe de devenir, à l'instar d'autres dirigeants de clubs algériens, un véritable dévoreur d'entraîneurs. Samedi soir, quelques minutes seulement après la fin de la rencontre ayant opposé le MC Alger à la JSM Béjaïa au stade Omar-Hamadi, en match avancé de la 20e journée du championnat de Ligue 1, le coordinateur du club, Omar Ghrib, a annoncé le limogeage pur et simple de l'entraîneur François Bracci. En agissant de cette manière, Ghrib confirme qu'il reste non seulement le seul «commandant à bord» du navire mouloudéen, mais celui qui fait et défait la vie de ce club, au gré des vents qui soufflent. Evidemment, la décision de mettre à la porte un technicien qui ne se fait plus respecter, était dans le but d'apaiser la colère des supporters qui ont sérieusement grogné en faisant entendre aux joueurs et aux dirigeants, comme d'habitude, des vertes et des pas mûres, notamment au jeune Amir Sayoud jeté en pâture par son coach et grillé par son premier responsable alors qu'il manque terriblement de compétition. Omar Ghrib a beau prendre l'ex-joueur du Ahly dans ses bras en fin de rencontre pour le consoler, le mal est fait et ce sera certainement dur à l'international olympique de relever la tête devant cette terrible pression et cette responsabilité qu'on veut lui endosser. Mais dans cette maison mouloudéenne, on se pose toujours des questions du genre : comment un entraîneur, mis à la porte de deux hôtels et non payé de surcroît puisse accepter de coacher son équipe ? Est-ce vraiment par passion ou y a-t-il vraiment d'autres raisons qui l'ont poussé à ne pas se faire respecter ? Sur son limogeage, le Corse dira : «C'est par amour à ce club que je suis revenu, malgré le contentieux que j'avais et qui date depuis deux ans. J'ai accepté de travailler dans des conditions précaires et parfois lamentables, et je n'ai jamais fait de vagues, estimant que l'intérêt de l'équipe primait sur le reste». Puis d'enchaîner : «Souvenez-vous, quand j'ai repris l'équipe elle se se trouvait avant-dernière et le spectre de la saison catastrophique planait sur le club. J'avais promis qu'on terminerait la phase aller avec 19 points et on l'a fait. On est même allé battre le leader chez lui, et certains ont dit que notre équipe n'a rien démontré ce jour-là. Il est vrai que nous avons concédé trois matchs nuls à la maison, mais ce n'est pas la fin du monde car les dirigeants ont mis une forte pression sur les joueurs en leur parlant de titre alors que certaines nouvelles recrues n'ont pas encore pris leurs repères au sein de l'équipe». Maintenant que son contrat est résilié, que fera Bracci ? Il nous répond sans ambages : «Je dois d'abord régler ma situation financière avec le club avant de rentrer chez moi, la conscience tranquille car j'ai fait mon travail en laissant l'équipe au milieu du tableau avec toujours la possibilité de recoller au peloton de tête. Il suffit de gagner le derby contre le NAHD et l'espoir reviendra dans les rangs. Ce qui est certain, c'est qu'au MCA je suis à chaque fois remercié d'une drôle de manière». Et de conclure : «Je ne plains pas Ghrib, car il est devenu un dévoreur d'entraîneurs et se soumet à la pression de la rue.» Pour corroborer les dires de Bracci, le Mouloudia a effectivement consommé cinq techniciens en l'espace de moins d'une année. Le premier à avoir fait les frais de Ghrib, Alain Michel, au mois de mars de l'année dernière. Noureddine Zekri, Abdelhak Meguelati et puis Abdelhak Benchikha n'ont pas tenu longtemps et le dernier en date, François Bracci, se retrouve à la porte après le match nul face à la JSMB, ironie du sort, entraînée par une ex-victime de Ghrib, Alain Michel. Et ce n'est pas avec cette instabilité chronique que le Doyen relèvera la tête ou construira une équipe performante et d'avenir. La cible Sayoud découvre la «vraie» pression En évoquant les recrues du dernier mercato, le désormais ex-entraîneur du MCA, François Bracci a sauté sur l'occasion pour nous évoquer le cas Sayoud qu'il défend bec et ongles : «Je ne comprends pas l'attitude de ces supporters qui, lors du match de la JSK, ont porté Sayoud au ciel, avant de le descendre en flammes contre Béjaïa. C'est honteux d'avoir un tel comportement vis-à-vis d'un joueur qui a d'énormes qualités et qui peut devenir le maître à jouer du Mouloudia. Mais de cette façon, ces pseudo-supporters vont le griller et le faire fuir, et ce sera un autre club qui en profitera». Pour sa part, Ghrib a estimé que Bracci était responsable de ce qui est arrivé à Sayoud. «Tout le monde est unanime à dire que Bracci est le seul responsable de ces mauvais résultats, et ces changements non justifiés, notamment face à la JSMB, préférant laisser jouer Sayoud, blessé, et faire sortir Djallit, le prouvent. C'est Bracci qui a grillé Sayoud, lequel n'est pas au top de sa forme à cause de son manque de compétition. Malgré cela, il lui a fait disputer l'intégralité de la rencontre de samedi, ce qui n'a fait qu'aggraver son cas», a expliqué le responsable mouloudéen. Le coach Ça négocie sérieusement avec Bouali Il y a de fortes chances que Fouad Bouali, l'ex-entraîneur de la JSM Béjaïa et du WA Tlemcen, entre autres, soit dans les prochaines heures le nouveau coach du Mouloudia d'Alger. Aux dernières nouvelles, les premiers contacts entre Omar Ghrib et le manager de Bouali, Oualid Bouchenafa, se sont bien déroulés et un accord de principe a été trouvé entre les deux parties. De son côté, Bouali s'est dit intéressé par la proposition mouloudéenne et les discussions devront se poursuivre aujourd'hui, notamment sur le plan financier qui reste toujours le point sensible dans de telles négociations, avant d'annoncer officiellement la signature du contrat avec ce technicien qui fait l'unanimité du côté de la villa de Chéraga, contrairement à la candidature de Noureddine Zekri qui a déjà eu à coacher l'équipe la saison dernière, mais avec un zest folklorique sur les médias. Ce dont les Mouloudéens ne voudraient pas encore s'encombrer lors du dernier tiers du championnat. A signaler que c'est l'entraîneur Kamel Bouhellal qui assure l'intérim après le limogeage du coach français François Bracci, lui qui a été l'adjoint de Bracci. Toutefois, il n'aura pas l'honneur de diriger l'équipe seul ce mardi lors du derby face au NA Hussein Dey, après le nouveau report de ce rendez-vous.