En marge de la réunion internationale de l'UMA, les ministres des Affaires étrangères des deux pays ont saisi l'opportunité de la tenue à Rabat de la réunion sur l'UMA pour donner une nouvelle impulsion aux relations bilatérales. Ainsi, une commission de consultations politiques doit se réunir deux fois par an afin de dynamiser la coopération entre l'Algérie et le royaume chérifien. Il est 8 heures 20 minutes en ce mercredi 15 février, lorsque nous essayons de traverser les montagnes de la commune de Tablat. La neige et le verglas rendent le déplacement très pénible même à pied pour faire une dizaine de mètres. Notre photographe a d'ailleurs rencontré d'immenses difficultés pour immortaliser ces tableaux féeriques pour les visiteurs que nous étions. Les chutes dans ces blocs de glace, sont devenues pour lui un jeu d'enfant. Mais lorsqu'il glisse en contrebas de ces célèbres virages des montagnes de la commune de Tablat, nous comprenons que la situation des habitants est insoutenable. Face à ces flocons de neige qui tombaient encore sur cette région, nous avons décidé de rejoindre les populations de Mezghana, Tafala, Maziz et Ouled Saci qui, nous dit-on, sont dans une situation dramatique. «Estimez-vous heureux au niveau de la capitale. Les populations de Mezghana, Tafala et encore un peu plus haut, sont en train de mourir à huis clos», nous disent certains citoyens venus en renfort pour sortir notre photographe (encore lui) du bas d'une falaise. C'est à l'entrée du village de Mezghana que nous rejoindrons contre vents et marées, que nous touchons du doigt la réalité de la souffrance de ces montagnards. Le visage ridé, la tête et le corps cachés sous une immense couverture, qui rappelle celles utilisées par les forces armées des années soixante, un quinquagénaire à la recherche de vivres pour ses enfants, nous accueille comme si nous étions des sauveurs, sinon des messies. Chemin faisant, nous nous apercevons qu'il ne porte qu'une paire de godasses trouées et sans chaussettes. Il raconte que sa vie et celle de ses enfants ressemblent à celle des esclaves de la préhistoire. «Presque l'ensemble des habitants de ce hameau ont choisi d'autres cieux plus cléments», nous dit-il en fourrant sous sa couverture les quelques casse-croûte que nous lui donnons. Il protège ce don comme on protège un trésor. «Après huit jours sans nourriture, mes enfants vont cette fois-ci pouvoir goûter de nouveau à ce pain qui a disparu de notre quotidien», raconte notre interlocuteur qui ignore même qu'il existe des autorités chargées de prendre en charge des citoyens en détresse. Comme un analyste en économie, il disserte sur le rôle des élus locaux. «Ils n'ont rien à gagner à venir en aide aux gens comme nous. Ils préfèrent se joindre aux notables de la ville, à ceux qui ont beaucoup d'argent. En ce qui concerne les pauvres hères que nous sommes, ils ignorent même notre existence. Nous sommes une quantité négligeable qui ne mérite aucune considération, à leurs yeux», nous dit-il en serrant toujours contre lui la pitance que nous lui avons offerte. Il donne en exemple la situation qu'il traverse actuellement avec sa famille. «A part vous, personne n'est venu s'enquérir de notre sort ni de notre situation», ajoute-t-il tristement. Nous quittons ce hameau, laissant derrière nous cet humble citoyen qui n'a pas cessé de nous saluer de la main, même lorsque la distance qui nous séparait de lui, devenait importante.