Il y a comme une envie de commencer cette modeste chronique par cette formule magique qui a bercé notre enfance : «Il était une fois…». Quelques mots qui avaient le pouvoir de nous ouvrir grandes les portes d'un monde féerique peuplé de méchants, de sorcières, de héros et de bons qui, morale oblige, finissaient toujours par triompher. Les quinquagénaires que nous sommes devenus, ne connaissaient la télévision que par la grâce d'un voisin nanti qui nous laissait de temps à autre regarder un western en noir et blanc. Alors, il nous restait la lecture et nous dévorions les aventures de nos héros préférés qui s'appelaient Blek le roc, Zembla, Miki le ranger, Pepito et tant d'autres aventures passionnantes qu'on suivait épisode après épisode. Nos enseignants nous recommandaient vivement la «Bibliothèque Verte», des manuels plus littéraires et tout aussi palpitants qu'on nous remettait en guise de récompense lors de la remise des prix qui se tenait, solennellement, à la fin de chaque année scolaire. Aujourd'hui, il n'y a plus de Blek le roc, de Zembla, de Miki le ranger, de Pepito, ni de Bibliothèque Verte d'ailleurs, chassés manu militari de l'imagination enfantine que fournissent désormais les gesticulations des héros métalliques de la télévision et de l'Internet. Les enfants d'aujourd'hui ne lisent plus, donc écrivent très peu ou si mal et les jeunes, même universitaires, sont de piètres rédacteurs. Mais est-ce vraiment leur faute cette désaffection manifeste vis-à-vis de la lecture ? Nous avons assez disserté sur le sinistre de l'école algérienne et le niveau constamment en baisse de l'élève sans avoir insisté sur le goût perdu de la lecture. D'abord parce que la plupart des établissements scolaires du pays ne disposent pas de bibliothèques et on a la fâcheuse manie d'associer l'école au manuel scolaire uniquement, sans doute parce que nos pédagogues sous-estiment le livre d'aventures, pourtant porteur de bien des enseignements que ce soit du point de vue de l'orthographe ou de la rédaction, et même de l'imagination fortement stimulée au contact des avatars des héros juvéniles. Malheureusement, les librairies aussi ne proposent plus que des contes bourrés de fautes d'orthographes, mal illustrés et qui déforment souvent la version originale. Mais alors, qu'est-ce qu'on attend pour… Enfin, de quoi je me mêle ? Khelli l'bir beghtah.