Dans la ville des Hauts-Plateaux, la passion des BD reprend grâce à un étal de fortune. Mille millions de mille sabords", comme disait le Capitaine Haddock ! C'est donc bien vrai qu'à El Eulma on trouve des bandes dessinées comme en notre vieille jeunesse ? Eh bien oui, grâce à Rachid Bendali. Mais en fait, l'idée est venue de son fils Nour, un adolescent. Une nouvelle génération, fan de bande dessinée, est en train de naître. Ils ont dressé un présentoir de fortune sur lequel trônent des BD à des prix dérisoires. Des titres à foison : Warlord, Arion, Bloodstone, Star-lord, Kull, Capitain América, Hex, Arak... "Damned !", comme disait Blek le Roc ! La liste est vraiment longue et le choix difficile. On y trouve des albums, de petits et grands formats, d'épaisseurs diverses, contenant des récits formidables mettant en scène des super-héros affrontant de redoutables adversaires dans des décors fabuleux qui captent l'attention. Depuis que cette échoppe du bonheur simple s'est installée, il y a affluence de férus de BD. "Ils existent encore, par Zeus", comme disait un soldat romain ! Les dessins hardis, beaux et en couleurs, incitent à l'achat immédiat ! L'étal est tout près de la librairie du paternel, actuellement en rénovation et dont les lecteurs de romans, d'essais et d'autres livres attendent avec impatience la réouverture. C'est l'une des plus anciennes librairies d'El-Eulma et il faut la citer, parbleu, comme disait qui déjà ? Il y a aussi celles de madame Rochette et de Monsieur Samaï où, par le passé, on achetait des livres de poche, des photos-romans, des revues de cinéma (Cinémonde, Positif, Les Cahiers du cinéma), de belles cartes postales, toute la presse dont l'excellent hebdomadaire Algérie- Actualité et surtout des BD inoubliables qui ont marqué des générations. Parmi elles, Blek, Tarou, Nevada, Rintintin, Roico, Mandrake, Zembla et j'en oublie, "mille putois puants", comme disait le Professeur Occultis ! Durant la période «bang ! bang ! boum! ziiip ! argh !» et après, il n'y a que des livres sur la cuisine, la religion et l'informatique. Gulp ! Revenons à nos bandes dessinées ! Une mine d'informations, des récits instructifs distillant une morale, élargissant les connaissances et libérant l'imagination. C'est aussi de la joie partagée. C'est du cinéma statique, libre de la contrainte de la salle, de ses billets et de ses horaires. Les onomatopées constituent la bande son, les bulles le dialogue et les dessins les plans, Caramba ! La BD est un puissant moyen d'évasion. Chaque page (ou planche) et ses cases est un écran multiple. Des aventures émouvantes, romantiques ou désopilantes à faire perdre sa toque, en peau de bête, à Blek ou faire ingurgiter de l'eau à Double-Rhum, sacrebleu ! Répu de Kebir (mélange de Sindbad le Marin et de Robin des Bois), de Conan (une fusion de Maciste et de Tarzan), de M'quideche (avec Richa la lourde), de Rahan, l'homme qui marche debout, de Pif, Popeye et autres Pim Pam Poum, saperlipopette ! Rachid Bendali croit encore en cette culture vivante et perpétue une tradition menacée : la lecture, sapristi ! Qu'une myriade de bulles, porteuses de vœux, de messages de paix, de joie et d'espoir, s'élèvent de l'Esplanade de Riadh El Feth à Alger, lorsqu'a lieu le Festival international de la BD, qu'elles planent dans l'azur un moment, même fugace, pour s'ouvrir et déverser une douce ondée légère, parfumée de bonheur, d'intelligence de joie et de tolérance sur la terre entière, tonnerre de tonnerre ! Mais si le Festival ne dure que quelques jours à Alger, à Eulma la BD est toujours en fête, tout au long de l'année, grâce à un simple présentoir de bois et la bonne volonté de tous. Na !