Découverte - 2e cycle musical de l'Agence nationale du rayonnement culturel, «Gitans origines» a pris fin, hier, à la salle Ibn Zeydoun (Riad-el-feth), avec Dhabi. Cette formation a assuré un spectacle de clôture rythmé et abondant de sons venus d'ailleurs. Et l'ailleurs n'est autre que l'Afrique et l'Inde. Une combinaison belle et harmonieuse de mélodies indiennes au tempo africain. La prestation de cette formation mixte et donc issue de rencontres diverses, celles avec la culture africaine (Tchad) et la culture asiatique (Inde), se voulait un fort moment de partage et de découverte. Une belle rencontre assurant les symbioses et synergies étonnantes entre les différentes influences musicales. Le récital dont le groupe a gratifié le public, nombreux et réceptif, a été une très belle fresque sonore, à la fois vivante et envoûtante, favorisant l'élévation et l'évasion. Dans un premier temps, le spectacle a commencé par une introduction vocale interprétée par les dix membres du groupe Amrat Hussein qui, fidèle à son jeu de scène, a envoûté le public par ses complaintes spirituelles avant de céder la place aux musiciens tchadiens qui ont chanté l'Afrique authentique. Ensuite, il y a eu, dans un deuxième temps, la performance des gitans de l'Inde. C'était un spectacle époustouflant, vibrant aux sons d'une rencontre inédite avec les gitans du Rajasthan indien, gitans ressemblant à ceux d'Europe et, en particulier, ceux d'Andalousie. Accompagné de tabla (percussions), harmonium (l'équivalent de l'accordéon) et crotales (castagnettes) les voix du groupe venu du Rajasthan ressemblent en effet beaucoup au timbre vocal des gitans d'Europe.C'était une rencontre des sens. La représentation a été comme un cérémonial très coloré où venaient se mêler, en parfaite harmonie, musique et danse, tous deux s'interpellaient, se répondaient – et se répandaient – avec chaleur et émotion. Le tout conjugue vitesse d'exécution à la spontanéité de l'improvisation. La deuxième partie du spectacle a été marquée par le retour des musiciens tchadiens qui ont interprété quelques titres de musique africaine a cappella, comme une chorale tout droit sortie de l'Afrique profonde. Sur une rythmique africaine tenue par une batterie et une calebasse la partie tchadienne du groupe Dhabi a joué une musique folk africaine pour accompagner sa poésie. Ce chant africain a une sonorité de blues aux accents entraînants. Pour clore le spectacle le groupe au complet monte sur scène et invite Hocine Boukella (Cheikh Sidi Bémol) à les rejoindre pour une petite improvisation.Venu sans guitare, Cheikh Sidi Bémol, qui avait animé la veille un concert musical inédit, fusionnant entre la musique amazighe, tzigane et le swing jazz, a interprété un morceau kabyle, accompagné de rythmes endiablés des pays qui l'entouraient – une jam session approximative mais entraînante. Alors qu'on croyait la soirée finie, voilà, qu'à la surprise générale, une danseuse indienne monte sur scène et subjugue l'assistance avec la beauté de son show et l'agilité de son corps. Sa manière de tourner ressemble à celle des derviches. Tout cela avec grâce et sensualité. Le cycle «Gitans origines» a aussi connu la participation (mardi) du groupe Gypsy Connexion fusion entre les artistes gitans du Rajasthan (Inde) et des virtuoses du flamenco Calle Cerezo.