Une fusion entre deux formations. La première est d'Espagne. La seconde vient du Rajasthan (Inde). Deux registres différents, un dénominateur commun : la musique gitane. Une rencontre aux origines d'un art. Coloré, riche en sonorités… Tous les qualificatifs sont insuffisants ou presque pour décrire ce spectacle. Mardi, à 19h, la salle Ibn Zeydoun a abrité le premier concert d'une série de trois, entrant dans le cadre de la deuxième partie du cycle musical des racines et des airs, organisé par l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel pour l'année 2012. Cette fois-ci, c'est sous le signe “Gitans, origines” qu'est placé ce deuxième volet. Un intitulé qui a drainé du monde. Deux formations prennent place, formant un groupe de onze artistes. La première est espagnole, composée de virtuoses du flamenco, membres de Calle Cerezo (ils se sont déjà produits en janvier dernier dans la même salle). La seconde nous vient de loin : d'Inde. C'est une formation dont les membres sont des musiciens gitans du Rajasthan, issus du groupe Dhoad. Deux voix s'élèvent, l'une après l'autre. Elles se font écho pour, enfin, s'harmoniser et n'en faire qu'une avec des intonations bien distinctes. Elles sont portées par une musique orchestrée par des mélodies différentes en apparence, mais très proches. Les sons du tabla, de l'harmonium s'entrelaçaient avec ceux de la guitare sèche, de cajón, du violon ou de la contrebasse. Conduite par Amarat Hussain, la troupe indienne développe son talent devant une assistance enthousiaste, applaudissant les prouesses musicales de ses artistes. Chacun d'eux est maître dans son jeu, avec son instrument. Le joueur de crotales donne l'impression qu'il est en train de jongler avec ces cliquetis, il appuie la musique que les autres jouent. Une rythmique à répétition, qui vient du désert du Rajasthan. L'air monte crescendo. Plus rythmé, plus vif. Une danseuse, en habit traditionnel de cette région, entre. Une belle démonstration corporelle, empreinte de grâce et d'agilité. Une standing ovation pour la qualité artistique de cette troupe. L'ensemble espagnol prend place. Sous la houlette de Javier Cerezo, les musiciens offrent un voyage musical très coloré. Le grattement de la guitare est rehaussé par les caresses de l'archet sur le violon qui émet un son langoureux, pur… Une danseuse tout de parme vêtue oscille, ondule. Gestes précis, lascifs, elle se déhanche au son du cajón. Les jambes tremblent, les pieds tapent le plancher. Soudain, le corps est attiré par un autre son, celui du tabla. Envoûté, il se laisse posséder par les différentes sonorités. Les deux formations se retrouvent et enchaînent un battle. De même pour les chanteurs qui se sont adonnés à un véritable exercice de vocalises. Les deux danseuses ne sont pas en reste. Elles se regardent, se jaugent. Leurs danses se croisent, se rencontrent. C'est sur des notes vibrantes que le spectacle s'est terminé. Un spectacle vivant, riche en découverte. C'était un rendez-vous musical avec l'âme tsigane. Un dialogue entre les gitans d'Espagne et ceux du Rajasthan. Un dialogue musical tout au long duquel les deux formations ont dévoilé leur talent, ont échangé. Chacune apportant ce plus à la musique de l'autre. Des chants a capella, sensuels et langoureux, ont empli la salle. Les sons des instruments s'immisçaient. La danse, présente, renforçait cet instant de partage. Une fresque artistique qui, à coup sûr, a fasciné les présents qui n'ont pas cessé d'applaudir. A I