L'Algérie a engrangé 880 milliards de dollars de l'exportation des hydrocarbures depuis leur nationalisation. Mais cela n'a pas servi à mettre en place une économie performante et diversifiée, regrette l'ancien ministre des Hydrocarbures, Nourredine Aït Laoussine. Selon lui, les nombreuses mesures incitatives prises n'ont pas empêché «des performances décevantes dans le secteur hors hydrocarbures». L'ancien ministre de l'Energie, Nourredine Aït Laoussine, a estimé, hier, que le bilan de la nationalisation des hydrocarbures est à reconsidérer en évaluant ses «acquis positifs» et ses «échecs». M. Laoussine qui était l'invité du Forum d'Alger a soutenu que la nationalisation des hydrocarbures opérée en 1971 a permis à l'Algérie de reprendre le contrôle de ses ressources naturelles et de récupérer sa manne pétrolière mais n'a pas pour autant atteint l'objectif qui lui a été assigné au départ à savoir «faire de la rente pétrolière un levier stratégique puissant dans la lutte contre le sous-développement». L'ex-ministre a affirmé d'emblée que l'objectif visé par cette politique était de «faire jouer au pétrole pleinement son double rôle qui était d'approvisionner le marché en énergie et en matières premières et aussi de générer les revenus nécessaires aux financements du progrès social». Selon lui, les décideurs de l'époque visaient aussi par cette nationalisation «le financement de l'investissement public pour créer une économie suffisamment diversifiée capable d'assurer la pérennité du pays». Mais en réalité, l'importante manne pétrolière n'a pas servi au développement économique et social du pays, a-t-il déploré. «Nous sommes loin du but, notre économie est loin d'être diversifiée. Nous avons réalisé des performances décevantes dans le secteur hors hydrocarbures malgré les nombreuses mesures d'incitations prises pour le relancer», a-t-il dit, jugeant inacceptable que la rente pétrolière représente encore 50% du PIB de l'Algérie. Selon lui, les raisons de cet échec sont multiples et connues et elles sont dues à «la non-pertinence des objectifs de développement et des politiques économiques suivies, à l'absence de planification stratégique, à un climat des affaires qui décourage le secteur privé et aussi à des contraintes de gouvernance et à une incapacité de mise en œuvre des réformes et en définitive à une absence persistante de synergie entre tous les acteurs et institutions de l'Etat». Le défi auquel l'Algérie doit faire face consiste, selon l'ancien ministre des Hydrocarbures, à déterminer le meilleur usage des richesses encore disponibles. L'Algérie devrait choisir, a-t-il dit, entre utiliser son aisance financière pour diversifier son économie ou limiter ses exportations d'hydrocarbures à un niveau compatible avec ses besoins financiers à long terme. Il a précisé que l'option de réduction des exportations s'avère plus judicieuse que l'exploitation intensive des gisements et l'accumulation des réserves de change. Depuis la nationalisation, l'Algérie a augmenté son niveau des réserves à la faveur des nouvelles découvertes qui ont permis aussi d'améliorer sa production de pétrole qui est passée de 35 millions de tonnes en 1971 à 70 millions de tonnes aujourd'hui. Les recettes pétrolières à l'exportation ont atteint depuis cette nationalisation à nos jours 880 milliards de dollars, a-t-il dit, regrettant que cette importante manne n'ait pas été destinée à mettre en place une économie diversifiée.