Même si l'exploitation des ressources pétrolières est faite d'une façon parfaite, elle n'est aucunement un gage de réussite et de croissance, répondra Nordine Aït Laoussine aux multiples questions de l'assistance. Tous se demandaient, surtout, où allait l'argent du pétrole. Selon l'invité d'El Watan, « la finalité des politiques doit être le développement de l'économie nationale ». Les ressources de la Grande-Bretagne et les Etats-Unis d'Amérique ont joué essentiellement pour le développement et le soutien à la croissance et aux économies des deux pays, soutiendra l'animateur à titre d'exemple. Dans la foulée, il précise qu'en dépit des tentatives de diversification de la ressource, les pays de l'OPEP, dont l'Algérie, demeurent encore tributaires du pétrole et présentent des performances hors hydrocarbures très décevantes. Pour le cas Algérie, l'orateur reconnaît que, depuis l'indépendance, le secteur a assumé son rôle de pourvoyeur de l'énergie et de fonds pour les infrastructures de base. « Mais son influence sur l'économie productive était très faible », admet encore Nordine Aït Laoussine, conforté dans son opinion par une salle acquise pleinement à ses analyses. Aujourd'hui, a-t-il renchéri, l'argent du pétrole a permis de rembourser la dette et financer davantage les infrastructures de base. Mais « la rente pétrolière n'a pas été correctement utilisée. Elle reste tout de même un bienfait pour l'Algérie », ajoute l'orateur en réponse à l'insistance des interrogateurs. Selon lui, l'effet d'entraînement sur les secteurs hors hydrocarbures n'est pas à la hauteur des attentes et espoirs exprimés. « Si un malheur viendrait s'abattre sur l'Algérie c'est parce que l'utilisation des revenus a été mal orientée ». Une chose est sûre et indiscutable, l'Algérie ne peut pas fonctionner à l'heure actuelle sans son gaz et son pétrole. C'est une conviction pour le conférencier et une évidence pour les nombreuses personnes (cadres, anciens hauts responsables, étudiants, professeurs, etc.) venues assister aux débats. L'ancien ministre de l'Energie suggère d'élaborer un plan prévisionnel à long terme aux fins de fixer le plafond des revenus souhaité par l'Algérie. En d'autres termes, « nous ne pouvons produire que dans le cadre d'une prévision à l'avenir ». Et d'ajouter sur sa lancée : « Nous ne sommes pas obligés de produire encore plus si nous n'avons pas besoin de revenus pour l'immédiat. Car il faut penser aussi aux risques d'épuisement qui commencent à menacer d'autres pays. » Nordine Aït Laoussine qualifie d'exagérés les calculs qui font ressortir une durée de vie de 25 ans pour les réserves pétrolières algériennes. Certaines hypothèses font croire que les réserves énergétiques algériennes sont estimées à 12,3 milliards de barils, d'autres à 16 milliards de barils. Par une simple mathématique divisant ce nombre par le taux de production actuel qui est de l'ordre de 1,5 million de barils/jour, l'on déduit que les réserves sont menacées d'assèchement dans les 25 années à venir. « C'est faux », répliquera Nordine Aït Laoussine. Idem, dit-il, pour ce qui est des prévisions de Sonatrach qui situe la durée de vie des réserves entre 40 et 50 ans. En un mot, l'invité d'El Watan plaide pour une utilisation rationnelle qui fait profiter l'économie (privé et public) de l'argent du pétrole. Il est plus que jamais temps.