Résignation - La femme, conditionnée par l'éducation et le poids des traditions, accepte, la mort dans l'âme, tout ce qui peut venir de l'homme, y compris les blessures, les coups et les injures. «J'ai été malmenée, insultée, brutalisée, ce n'est pas parce que j'ai commis une faute mais c'est surtout parce que je suis une femme qui n'accepte pas son sort. Je n'ai pas trouvé d'autre explication à mon malheur et à ma souffrance que celle d'être une femme en Algérie». Celle qui s'exprime ainsi n'est pas une militante féministe ni une quelconque politicienne à la recherche d'une notoriété mais une simple femme de ménage au niveau d'un hôpital. Elles sont des milliers de femmes à rêver d'une vie paisible pour se retrouver à la fin du parcours prises entre les griffes d'un homme sans scrupule. Le problème, c'est que dans l'esprit de la femme algérienne, il est totalement inadmissible et honteux de porter plainte contre son mari, le père des ses enfants, ou contre son frère. La femme, conditionnée par l'éducation et le poids des traditions, accepte, la mort dans l'âme, tout ce qui peut venir de l'homme, y compris les blessures, les coups et les injures. Anissa (32 ans) raconte son histoire avec beaucoup d'amertume : Mon ex-mari était mon voisin, on se voyait à l'époque presque tous les jours. Au bout de 3 ans de fiançailles on a organisé l'une des meilleures fêtes de mariage dont nos voisins, proches et amis se souviendront pour longtemps. Je croyais qu'une fois dans mon foyer, je serais la plus heureuse des mariées. Or, les choses n'ont pas été aussi parfaites que prévu. Les jours passaient et ma vie commençait à se transformer en un véritable enfer. Au début, ce n'était que des absences que mon époux n'arrivait pas à justifier. Il ignorait complètement mon existence. Je ne reconnaissais plus l'homme que j'avais pourtant tant aimé. «C'est là que mon mal a débuté. Enceinte de 4 mois de notre fille, mon mari me gifla sans hésiter et sans le moindre remord. Cela lui est ensuite devenu habituel. Il s'emportait au moindre mot ou geste de ma part. Il me faisait une démonstration de force pratiquement chaque soir et j'ai été à deux reprises voir le médecin pour parfois des sutures. Je n'en pouvais plus. Je suis divorcée avec une fille de 2 ans à ma charge». Nasséra est victime d'une violence d'une autre nature. «Mon mari n'est autre qu'un ami de mon frère aîné. Orpheline de père, ma mère n'avait aucun pouvoir de décision face à mon frère aîné. Il agissait comme bon lui semble. Il m'a donc forcée à me marier avec son ami. J'ai été contrainte d'arrêter mes études en 2e année de fac pour épouser cet homme. Après le mariage, c'était infernal. Mon mari entrait chaque soir ivre mort et je recevais sans cesse des raclées. Une fois, il a failli me jeter du balcon. Divorcée, je croyais que ma situation allait s'améliorer. Au fil du temps j'ai regretté mon divorce puisque mon frère m'a fait subir pire que mon ex-mari.»