Résumé : La jeune femme a été affecté au service de ma mère. Elle était tellement gâtée par cette dernière que les autres femmes la jalousèrent. Si bien que l'une d'elles alla retrouver son mari… 30eme partie Ta grand-mère me dévisage puis me dit : - C'est réglé. - Qu'es ce qui est réglé.. ? - Eh bien le grand maître, va remettre une somme d'argent à ton mari, pour que ce dernier consente à divorcer. Je n'en croyais pas mes oreilles : - Il va faire çà ? - Tu en doutes.. ? - Non, mais je ne m'attendais vraiment pas à ce qu'on fasse tant de choses pour moi. Ta grand-mère Zahra me prit les deux mains et me regarde tout droit dans les yeux : - On commence à s'habituer à toi dans la grande maison. Et comme tu es une femme bien, j'ai demandé au grand maître de faire le nécessaire pour qu'on te garde le plus longtemps possible chez nous. - Le plus longtemps possible ? - Oui. Ce qui veut dire jusqu'à ce que tu trouves chaussure à ton pied. Un jour tu finiras bien par vouloir nous quitter pour te remarier et refaire ta vie, tu es bien jeune pour demeurer seule une vie entière. J'avais les larmes aux yeux. Je me mets à genoux devant ta grand-mère et prenant le pan de sa robe, je me mets à l'embrasser : - Oh merci. Merci pour tout. Que Dieu vous bénisse et vous accorde une longue vie. Je ne veux ni vous quitter, ni m'éloigner de vous. Même si un jour je dois refaire ma vie, j'aimerais continuer à vous servir jusqu'à mon dernier souffle. En fin de journée, tout sera terminé. Comme je n'étais mariée que par la « fatiha » comme cela se faisait à cette époque, mon mari consentit à prononcer la formule « tu es répudiée » trois fois devant témoins, pour que je sois divorcée en bonne et dû forme. Et c'est ce jour là aussi, que j'eus le plaisir de m'approcher de ton grand-père. Il était quelqu'un d'impressionnant. Bel homme. Brave, généreux, et juste. C'était l'homme sur qui l'on pouvait compter dans les bons comme dans les mauvais jours. C'était un vrai coup de chance pour moi de m'être retrouvée dans cette maison, où j'avais non seulement gagné l'estime et le respect de tous, mais j'ai réussi aussi à me libérer d'une emprise qui hantait mes nuits. J'étais désormais libre. Plus rien ne me liait à ce vieillard de malheur qui était mon mari, et à qui j'ai été vendue par mes propres frères pour une bouchée de pain. Plus que jamais j'évaluais ma chance d'avoir su trouvé la bonne voie. Celle qui m'a guidée vers le port le plus sûr et le plus sécuritaire. Je dormais, mangeais à satiété, m'habillais mieux que les autres servantes de la maison grâce à la générosité de ta mère qui ne lésinait sur aucun effort pour me garder auprès d'elle. Elle avait une totale confiance en moi, et moi en elle. Une année passe. Je n'étais plus l'adolescente effarouchée. J'avais 17 ans. J'étais femme au physique comme au moral. Je voulais surtout avoir la paix, et je l'avais. Dieu ne m'avait pas abandonné, et dans la grande maison, grands et petits me vouaient un respect inestimable. Quand tu es venue au monde, j'avais moi-même assisté ta mère. Tu étais un beau bébé, et ton grand-père avait donné une grande fête pour célébrer l'évènement. Au même moment, je fus demandée en mariage par un des fermiers qui travaillaient chez-vous. Ton grand-père vint lui-même me l'annoncer. J'étais fort gênée, car je ne voulais pas abandonner ta mère, mais comme le prétendant faisait partie du personnel de la maison, je ne trouvais aucun subterfuge pour refuser. Y. H.