Projection - Elles sont moussabilate, fidayette, poseuses de bombes, maquisardes. Elles ont rejoint le maquis, pris les armes et écrit les pages glorieuses de la Révolution algérienne. C'est pour immortaliser le précieux témoignage de ces femmes courage qu'Alexandra Dols a réalisé «Moudjahidate», un documentaire de 90 mn, projeté hier soir au Centre culturel algérien. Plusieurs de ces moudjahidate se sont succédé avec pudeur face à la caméra pour livrer avec simplicité au spectateur le récit de leur glorieux parcours de combattantes et relater leur engagement dans les rangs du FLN et de l'ALN. Elles n'ont pas omis non plus d'évoquer le rôle de toutes ces villageoises anonymes qui ont pétri le pain aux maquisards, hébergé, offert un refuge aux combattants de l'ALN et assuré leur ravitaillement dans une discrétion et un don de soi exemplaires. Les témoignages de plusieurs anciennes combattantes telles que Fatima Chebbah Abdelli, Zohra Drif Bitat, Louisette Ighilariz, Baya Outata Kollé, Baya Larbi Toumia se sont croisés avec celui de Mme Danièle Djamila Amrane, historienne et ancienne combattante. Dans son témoignage, celle-ci a confirmé que l'Algérie, durant la période d'occupation, était un pays «marqué par des différences flagrantes entre les diverses populations et que les injustices que vivaient ces populations provenaient de la politique française d'occupation fondée sur la discrimination et l'exploitation». «Et c'est cette différence qui m'avait profondément choquée et je ne comprenais pas comment de telles horreurs pouvaient être possibles», a-t-elle dit. Elle raconte alors une des missions dont elle était chargée (transporter des armes à la place de deux combattants). Elle se souvient qu'elle a été hébergée par une famille dont la mère lui a donné un voile et lui a conseillé de prendre son bébé qui lui servira de couverture afin d'éviter des doutes en cas de contrôle par les soldats français. Elle a observé que pour cette femme, «livrer son bébé à une femme qui était en danger, c'était un acte de militantisme exceptionnel». «Si on a avait vu qu'il y a avait du beau dans cette colonisation, on ne se serait jamais soulevés», dira pour sa part la moudjahida Louisette Ighilahriz, arrêtée et odieusement torturée par les parachutistes du général Massu. «Cette colonisation était synonyme de répression, d'exaction et de spoliation. Plus il y avait d'atrocités, plus on assistait aux liquidations, plus on assistait à des viols collectifs, et plus on était déterminés à continuer. Notre vie ne valait plus rien si elle ne devait pas servir à libérer le pays», a-t-elle ajouté. Lors du débat, la jeune réalisatrice française a expliqué que son film documentaire entend interpeller l'opinion française, dans un contexte de déni politique, sur le rôle et le passé colonial de l'Etat français. «Dans un contexte de déni politique, concernant le rôle et le passé colonial de l'Etat français, il s'agissait pour moi de contribuer à l'écriture audiovisuelle de la mémoire des luttes anticolonialistes en me concentrant sur les engagements des femmes au sein de ce combat», a-t-elle expliqué.