Déception - Le relèvement des retraites, effectué en décembre 2011, n'a pas amélioré le pouvoir d'achat des concernés en raison de la flambée sans cesse croissante des prix. Dernièrement, 994 813 retraités sur un total de 2 400 000, ont vu, pour la première fois, leur pension atteindre la somme de 15 000 dinars. Auparavant, certains d'entre eux touchaient moins de 12 000 dinars. Et lorsqu'on prend en considération le coût de la vie, l'on se rend compte, vite, que ces citoyens ne peuvent subvenir à leurs besoins vitaux. «Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ? Je suis dans la misère depuis ma naissance et je suis certain que cela continuera jusqu'à la fin de mes jours ! Ce pays est ingrat et sa monnaie n'a aucune valeur», nous dit, dépité, Aâmi Salem, septuagénaire, habitant à Bordj Menaiel (dans la wilaya de Boumerdés). Emmitouflé dans une kachabia marron, ce retraité passe ses journées à vendre les herbes utilisées dans la cuisine au niveau du marché. Qu'il pleuve ou qu'il neige, il est fidèle à sa place qu'il rejoint quotidiennement à huit heures du matin et ne la quitte qu'après avoir épuisé toute sa «marchandise». Qualifiant la dernière augmentation de «poudre aux yeux» , Aâmi Salem regrette de n'avoir pas travaillé en France comme l'ont fait la plupart de ses amis et parents à l'époque. «J'ai passé plus de 35 années de travail dans le secteur du bâtiment pour ne toucher qu'une maigre pension, alors que ceux qui ont travaillé seulement dix ans en France perçoivent pratiquement le triple. C'est injuste !» A l'image de notre interlocuteur, tous les retraités ne cachent pas leur déception et s'estiment lésés. Il faut dire qu'une pension de retraite n'est pas uniquement destinée à faire vivre une personne ou deux, mais parfois toute une famille, sans compter les dépenses occasionnelles. «En été par exemple, je me retrouve toujours contraint de m'endetter pour acheter des cadeaux lorsqu'il y a une fête de mariage. Et vous savez bien que les hommes de ma génération tiennent à offrir le meilleur cadeau possible, même si le lendemain ils risquent de se retrouver sans nourriture», souligne un retraité. La maigre pension que perçoivent ces citoyens leur impose un régime de vie très rigoureux. Ils doivent se passer de beaucoup de choses et se contenter de ce qui est indispensable. Les fruits et la viande, par exemple, n'ont pas droit de cité chez eux et ils ne les achètent que lorsqu'ils ont des invités. Ils savent que les fruits et les viandes sont destinés à des personnes mieux loties qu'eux. Ces retraités se dirigent vers les vendeurs de légumes pour acheter des oignons, de la pomme de terre, carottes…des produits indispensables dans la cuisine. Si ceux qui exercent encore certaines activités peuvent se procurer les produits de «luxe» occasionnellement, les autres doivent se contenter de… calmer leur faim.