Dénonciation - «Quand nous avons appelé à la démission du gouvernement, son chef a refusé et malheureusement cela a été soutenu par le Conseil militaire.» Les Frères musulmans, première force politique d'Egypte, ont mis en garde, hier, le pouvoir militaire contre son soutien continu au gouvernement, accusé de compromettre les acquis de la révolution. Depuis son entrée en force au Parlement, le Parti de la liberté et de la justice (PLJ), issu de la confrérie, met la pression sur le pouvoir militaire, à la tête de l'Etat depuis la chute de Hosni Moubarak en février 2011, pour qu'il limoge le gouvernement et nomme le PLJ à la tête d'un nouveau cabinet. Mais le Conseil suprême des forces armées (CSFA) a continué à soutenir le gouvernement de Kamal Ganzouri. Dans un communiqué, au ton inhabituellement dur, les Frères musulmans ont qualifié les performances du gouvernement de «plus grand échec», évoquant les violences, les ingérences dans les affaires judiciaires, la lenteur des réformes, la pénurie de carburant et la baisse des réserves de change. «Quand nous avons appelé à la démission du gouvernement, son chef a refusé et malheureusement cela a été soutenu par le Conseil militaire», a regretté le PLJ. «Nous ne pouvons pas rester silencieux et patients si ce gouvernement reste en place, alors qu'approche l'élection présidentielle (prévue en mai). «Si quelqu'un a l'intention de recréer l'ancien régime corrompu avec de nouveaux visages, le peuple est prêt à agir afin de raviver sa révolution et d'empêcher le navire de couler aux mains de gens sans aucun sens des responsabilités», a-t-il prévenu. Par ailleurs, un parlementaire libéral égyptien, Rifaat al-Saïd, président de Tagammou, a déclaré à propos des islamistes, «Prendre possession de la Constitution est ce qu'il y a de plus grave (...). La Constitution ne doit pas être le reflet de la majorité. Elle doit être le reflet de toutes les forces de la société». Il a ajouté : «Nous sommes face à une tentative de prendre possession de tout.» Les libéraux redoutent que les islamistes essaient d'imposer des références plus explicites à l'Islam dans la nouvelle loi fondamentale, malgré les déclarations rassurantes du Parti de la liberté et de la justice (PLJ), la formation des Frères musulmans. L'ancienne Constitution disposait déjà que les principes de la charia (loi islamique) étaient la source de la législation, mais la formule est beaucoup trop vague pour de nombreux islamistes, en particulier pour les salafistes du parti Al-Nour. Ainsi, les parlementaires libéraux ont annoncé leur retrait du vote crucial pour désigner les membres de la commission chargée de rédiger la nouvelle Constitution. Ils ont accusé les islamistes, qui dominent le Parlement, de vouloir monopoliser les sièges au sein de cette commission qui doit compter 100 membres de la commission constituante - 50 députés et sénateurs et 50 personnalités publiques et membres de syndicats.