Colère - A Madrid où des milliers de grévistes ont envahi la ville, sous haut dispositif policier. Agitant des drapeaux rouges et des pancartes avec les mots «Réforme du travail, NON», les piquets de grève se sont installés aux portes des usines, des marchés de gros de Madrid et Barcelone, des banques ou des stations de transports en commun. Avant même la grande manifestation convoquée en fin de journée, des groupes de manifestants se sont éparpillés dès le matin dans le centre de Madrid, quadrillé par les forces de l'ordre. Quelques milliers d'entre eux bloquaient une avenue centrale, tandis que des cordons de policiers étaient déployés sur la place de la Puerta del Sol, en plein cœur commerçant et touristique. «Ne reculons pas d'un pouce face à la réforme. Grève générale», scandaient les manifestants. D'autres se déplaçaient à vélo, en un convoi avançant au pas, de façon à ralentir la circulation. Alors que les syndicats annonçaient très vite un «immense succès», le ministère de l'Intérieur faisait état d'une grève peu suivie. Le face-à-face entre grévistes et policiers a parfois été tendu pendant la nuit, comme devant la station de bus de Carabanchel à Madrid, où un manifestant a été blessé au visage, ou devant le marché de gros de Barcelone où les grévistes ont brûlé des pneus. 58 personnes ont été interpellées, six policiers légèrement blessés ainsi que trois grévistes dans des incidents mineurs, selon le ministère de l'Intérieur. Les syndicats Comisiones Obreras (CCOO) et UGT, qui appellent les Espagnols à manifester dans une centaine de villes, dénoncent la réforme du marché du travail approuvée le 11 février par le gouvernement, dans le but de combattre un chômage record, à 22,85% des actifs. Selon eux, cette réforme aura pour seul effet d'aggraver le fléau, alors que le gouvernement lui-même prévoit déjà la destruction de 630 000 emplois en 2012 et un chômage à 24,3% en fin d'année. Pour le chef du gouvernement Mariano Rajoy, au pouvoir depuis cent jours, cette grève arrive au pire moment: sous l'œil de ses partenaires européens, inquiets de l'état des finances publiques du pays, le Conseil des ministres doit approuver vendredi le budget 2012, marqué par des coupes sévères. «Je comprends qu'ils fassent grève. La réforme ne servira qu'à licencier les gens plus facilement et avec moins d'argent», remarquait Pedro Moreno, employé dans une grande surface des environs de Madrid. «Mais ce n'est pas le moment de perdre des jours de travail. J'ai la chance d'avoir un travail», ajoutait cet homme de 32 ans.