Projection - «Il était une fois en Anatolie» du réalisateur turc Nuri Bilge Ceylan a donné, hier, à la salle Cosmos (Riad-El-Feth), le coup d'envoi des 1res journées du film méditerranéen. L'histoire du long-métrage sorti en 2011 et ayant obtenu le Grand Prix au festival de Cannes se déroule au cœur des steppes d'Anatolie (Turquie), où un meurtrier tente de guider une équipe de policiers vers l'endroit où il a enterré le corps de sa victime, l'endroit où est supposée ensevelie la victime s'avère vaguement défini. Cela soulève des interrogations quant à la crédibilité du scénario. Au cours de ce périple qui s'apparente à un polar, une série d'indices sur ce qui s'est vraiment passé fait progressivement surface. Ainsi en suivant le déroulement de l'histoire, nous saisit une sensation de fort et de pressant que quelque chose de nouveau et de différent va soudainement – et de rien – surgir de derrière chaque colline pour nous guider dans notre quête de vérité. Le film s'avère un long parcours, un itinéraire lent et monotone et qui, parfois, se répète dans des directions interminables. Puisque l'on retrouve presque les mêmes chemins qui reviennent et se révèlent identiques, uniformes. Le film se déroule dans un paysage désolé et triste. Il baigne dans une ambiance tourmentée et écrasante, parfois sombre et contrariante et s'organise comme une errance, longue et fastidieuse. Une errance – à la fois géographique et mentale – faite de détours et d'arrêts, puis de reprises, c'est-à-dire le recommencement, l'éternel recommencement. Le temps, qui semble itératif, se dilate dans une lenteur aussi bien désespérante que croissante jusqu'à, par moments, s'ennuyer, se perdre dans une sorte de périple dédaléen. Le film nourrit le sentiment de nous exténuer jusqu'à l'envie de rompre avec la narration qui, de par le ton qui lui est donné, est éprouvante. Mais l'on peut en même temps déceler un moment de beauté et d'harmonie qui confère au film sa texture et son caractère et, aussi, un certain sens. Même les personnages paraissent sceptiques, quelques fois taciturnes, ennuyeux, s'illustrant à travers une intrigue presque infructueuse. C'est d'ailleurs le sentiment que l'on a, on est angoissé et dérouté. Le film, qui porte en soi toute la lassitude du monde, revêt une abstraction déconcertante. L'on est aussitôt saisi par l'incertitude et la gêne. «Il était une fois en Anatolie» reste toutefois une expression sincère, parsemé, ici et là, d'une certaine poésie qui donne au film de l'accent. - Les premières journées du film méditerranéen se poursuivront jusqu'au 7 avril. Pour cette première édition, dix-huit films sont à l'affiche. Cette manifestation entièrement consacrée aux films issus du pourtour méditerranéen se propose, selon les organisateurs, de faire découvrir aux cinéphiles des longs métrages de fiction récents et de qualité. «Elle a pour objectif de permettre au public de découvrir la sublimité du cinéma méditerranéen», soulignent-ils, et d'ajouter : «Chacun des films proposés exprime, de diverses manières, les talents, les styles et les tendances du cinéma méditerranéen.» Ainsi, les cinéphiles auront l'occasion, le temps d'un rendez-vous, d'apprécier les dernières productions au niveau international. Précisons que tout au long de cette manifestation, les projections auront lieu à la salle Alpha, à raison de deux séances par jour, à 15h et à 18h. Et une rediffusion le lendemain à la salle Béta. Notons par ailleurs les projections seront suivies de débats avec les réalisateurs. Pour rappel, les Journées du film méditerranéen sont organisées par l'Agence nationale du rayonnement culturel, en partenariat avec la société de diffusion et de production MDciné. La clôture de ce rendez-vous cinématographique sera assurée par la projection du filme français, «The Artist», de Michel Hazanfichouche, plusieurs fois oscarisé.