Patrimoine - On annonçait, il y a quelque temps, le rapatriement du légendaire canon Baba Merzoug, symbole de la résistance et de la puissance militaire algérienne. Cette pièce d'artillerie, qui aurait été conçue entre 1536 et 1542 à la fonderie Dar Ennahas à Alger, a été transférée en France comme butin de guerre par l'armée coloniale française en août 1830. Baptisé «La Consulaire» en France, le canon Baba Merzoug de 7 mètres de long et de douze tonnes, baptisé du nom d'un grand personnage considéré comme le protecteur de la rade et de la ville d'Alger, est exposé au port de Brest sur la Manche au nord-ouest de la France. Au mois de Février, Belkacem Babaci, président de la Fondation Casbah, a annoncé que le rapatriement du canon aura lieu. «Nous continuerons à réclamer la restitution du canon Baba Merzoug», a-t-il déclaré , lors d'une conférence, à l'occasion de la Journée nationale de La Casbah, et d'ajouter : «Les pourparlers avec les officiels français sont en bonne voie.» S'exprimant sur la question, la ministre de la Culture a appelé, lors de sa visite à tlemcen, à l'occasion de la clôture de la manifestation «Tlemcen, capitale de la culture islamique 2011», à une mobilisation de tous pour récupérer le canon. «La mobilisation concerne autant le ministère des Affaires étrangères que celui de la Défense nationale, ainsi que la société civile», a-t-elle déclaré. En outre, la ministre de la Culture, pour qui le rapatriement de ce canon constitue «un véritable combat», a tenu à expliquer la raison pour laquelle la mobilisation concerne plus le ministère de la Défense que celui de la Culture. «Lorsqu'il avait été pris, Baba Merzoug était un bien militaire. Ce n'était pas un bien culturel. Pour le récupérer, on ne peut appliquer ni la loi algérienne ni la Convention de l'Unesco sur le patrimoine culturel», a-t-elle souligné, et de poursuivre : «Ce n'est qu'une fois restitué que le canon pourrait être classé bien culturel.» Il se trouve que jusque-là les Français ne veulent pas le restituer, selon la ministre qui a indiqué, par ailleurs, que son ministère, avec l'aide de celui de la Défense, va déterrer des canons ensevelis par le maréchal Louis de Bourmont lors de la prise d'Alger en 1830. «Ce chef militaire, qui, à la tête d'une armée, avait affronté une résistance avant l'invasion d'Alger, a, une fois entré dans la ville, jusque-là imprenable, pris et enterré des canons pour signifier sa victoire. Nous allons à la faveur des festivités du cinquantenaire de l'indépendance, réériger ces canons pour la symbolique», a-t-elle souligné. Notons qu'il n'y a pas que le canon de Baba Merzoug dont l'Algérie réclame le rapatriement. Il y a également cette mobilisation pour la restitution de pas moins de 158 objets mémoriaux, dont des effets personnels du Dey d'Alger conservés dans divers musées français. Il y a aussi les crânes de célèbres résistants algériens à la conquête coloniale au début du XIXe siècle. Il s'agit des crânes de Boubaghla, Bouziane et Derkaoui, entres autres, qui se trouvent au Musée d'histoire naturelle de Paris.