Situation - Le calme régnait ce matin dans le secteur du ministère de la Défense au Caire, où un couvre-feu nocturne a été imposé par l'armée hier. Ce couvre-feu est imposé de vendredi à 23H00 locales à aujourd'hui 07H00 (21h00 à 05H00 GMT) "pour la place Abbassiya, autour du ministère de la Défense et dans les rues voisines", a déclaré le général Moukhtar al-Moula, membre du Conseil suprême des forces armées (CSFA), dans une allocution télévisée. Les forces armées "s'opposeront de manière décisive" à toute tentative de violer ce couvre-feu, a-t-il ajouté. "Toutes les mesures légales seront mises en œuvre pour les personnes impliquées dans ces événements ou qui auront incité" à la violence, a-t-il poursuivi. Des heurts ont opposé hier des milliers de manifestants à l'armée. Un premier bilan fait état de deux morts et de 300 blessés, faisant encore monter la tension à l'approche de la présidentielle prévue à la fin du mois. Les manifestants ont échangé des jets de pierres avec les forces anti-émeutes de l'armée, qui ont aussi utilisé un canon à eau, des gaz lacrymogènes et chargé la foule à plusieurs reprises. Les affrontements se sont transformés en courses-poursuites avec des véhicules militaires dans de nombreuses rues du quartier d'Abbassiya, à proximité du ministère, où des tirs nourris ont été entendus. Les services de sécurité ont assuré qu'il s'agissait de tirs de semonce pour tenter de disperser la foule. Des responsables de l'hôpital universitaire Al-Azhar ont déclaré avoir reçu les corps de deux personnes. Des médecins sur place ont dit qu'elles avaient été tuées par des tirs. Selon le ministère de la Santé, les affrontements ont fait un mort, un militaire, et 296 blessés, dont 131 ont dû être conduits à l'hôpital. Une journaliste stagiaire belge a également été légèrement blessée durant ces affrontements. La journaliste, "blessée par une pierre au visage", selon le ministère, a été brièvement arrêtée et conduite dans un hôpital militaire, mais a rapidement été libérée et "sa blessure ne serait pas grave". Les manifestants protestaient contre le pouvoir militaire en place depuis la chute du régime du président Hosni Moubarak en février 2011, qu'ils accusent de chercher à influencer l'élection présidentielle dont le premier tour est prévu les 23 et 24 mai. Le Conseil suprême des forces armées (CSFA), qui dirige le pays, a de son côté réaffirmé sa volonté de voir des élections "100% honnêtes et transparentes", et s'est engagé à remettre le pouvoir aux civils avant la fin juin, une fois le président élu.