Objectif - La décision du Président élu de retirer d'ici à la fin 2012 les «troupes combattantes» françaises d'Afghanistan met Paris en situation délicate avant le sommet de l'OTAN des 20 et 21 mai. A peine entré en fonction, le nouveau chef de l'Etat devra convaincre ses partenaires réunis à Chicago du bien-fondé d'une accélération du désengagement des soldats de l'Alliance Atlantique, au moment où Kaboul peine à assurer la sécurité des zones sous son autorité, face à la poussée des talibans qui ont même gagné du terrain ces dernières années. Dès mardi à Berlin, il aura l'occasion d'évoquer le sujet avec la chancelière allemande Angela Merkel, qui a appelé jeudi à respecter le calendrier international de retrait des troupes, fixé à la fin 2014. Convaincu que la mission de la force internationale est terminée, François Hollande entend retirer les soldats français «en bonne intelligence» avec les alliés de la France. Il a précisé début mai que le retrait du matériel, qu'il faudra également évacuer, prendrait «sans doute plus de temps». «On a l'ébauche d'un plan : le gros de la troupe rentre dès la fin de l'année, ce qui est relativement simple. La deuxième partie, c'est sortir le matériel dans un temps indéterminé, et a priori avec des difficultés majeures», résume François Heisbourg, président de l'Institut international des études stratégiques (IISS) de Londres. L'armée française, qui a rendu fin avril à l'Afghanistan le contrôle du district de Surobi, relativement apaisé, a encore la charge de la province de Kapisa, beaucoup plus instable. Cette zone située au nord-est de Kaboul, qui contrôle un accès stratégique à la capitale, est décrite par une source sécuritaire occidentale comme un «coupe-gorge» que les trafiquants se disputent aux talibans et où l'organisation d'un retrait sera compliquée pour les Français et problématique pour Kaboul, même si officiellement, le gouvernement afghan se dit prêt. Ces derniers mois, Jean-Yves Le Drian, un proche de François Hollande dont le nom est cité pour le ministère de la Défense, s'est rendu à Washington, Londres et Bruxelles, pour déminer le terrain. Il a notamment fait valoir à ses interlocuteurs que le calendrier de l'OTAN avait déjà été remis en cause par le Président sortant Nicolas Sarkozy, qui avait avancé d'un an le retrait des troupes après la mort en janvier de quatre soldats français. Seule concession à la réalité du terrain, François Hollande limite à présent le retrait des forces à fin 2012 aux seules «troupes combattantes». Avant la France, les Pays-Bas en 2010, ou le Canada en 2011, ont déjà retiré leurs troupes, et les Etats-Unis s'apprêtent à rapatrier 23 000 hommes cet été.