Patrimoine Musique emblématique de la société targuie, l?imzad est une pratique dont peuvent s?enorgueillir les femmes targuies. Dans le but de contribuer à la préservation de cette richesse en passe de disparition, un travail de collecte et d?analyse a été mené par la commission des ?uvres du patrimoine amazigh, qui relève de l?Office national des droits d?auteur et droits voisins (Onda). Des ?uvres réunissant musiques et chants de la région de Tamanrasset ont été effectivement collectées, enregistrées et soumises à un traitement minutieux de manière à ce qu?à moyen terme soit édité, dans le cadre des Cahiers du patrimoine de l?Onda, un ouvrage sur l?imzad, une musique transmise oralement. Toutefois, la collecte et l?enregistrement de l?imzad ne suffisent pas à perpétuer l?exercice de l?instrument, de le transmettre sur la lignée des aïeules. Et c?est dans ce contexte que Farida Sellal, une passionnée du désert qu?elle n?a jamais cessé de recueillir sur ses photographies prises lors de ses différents périples, a élaboré un avant-projet de création d?une académie de l?imzad. La création de cette institution permettra de perpétuer la pratique de l?imzad par les femmes, à travers la fixation ou l?écriture de sa musique et de ses textes, lors d?ateliers d?apprentissage, dans une ambiance et une pratique purement traditionnelle, afin de restituer honnêtement tout le rituel et la symbolique qui caractérisent cet instrument séculaire. Farida Sellal vise aussi à créer une école dans le but de former et d?encadrer des professeurs de cette musique traditionnelle. Cette initiative va dans le même sens que celle de l?Association des amis du Tassili, qui ont initié un festival de l?imzad. Menacé de disparition, l?imzad, pur et ancestral, est un violon monocorde qui tient son nom targui de cheveu ou crin de la queue du cheval. Il est constitué de trois parties : thateklest (calebasse), un archet et de la peau de chèvre soigneusement tannée et traitée par des femmes. Effectivement, l?imzad est exclusivement joué par des les doyennes, à l?image de Bayat Edaber et Alamine Khoulane. Dans l?imaginaire des Touareg, «cette musique noble, réputée, favorite et intimement liée à la femme, a beaucoup de valeur et un sens très profond dans la vie de la population du Hoggar. L?imzad véhicule à travers ses mélodies une certaine vision du monde sociétaire de cette partie profonde de l?Algérie qu?est le Hoggar, et dégage, par sa poésie et ses airs, la pureté et la cohésion d?un environnement socioculturel avec toutes ses spécificités dont les us et coutumes, la culture et l?art». Pour assurer sa préservation, l?imzad doit être un pôle de recherches et d?investigations ; et faire l?objet d?intérêt et de respect, car il représente un gisement poétique et musicologique important, il est un motif de fierté pour tous les Algériens.