Hier, la France du football, pour ne pas dire la France tout court, a rendu un vibrant hommage à celui qui a été l'un de ses commentateurs sportifs les plus populaires, les plus intrépides et les plus polémistes. Thierry Roland, appelé à remonter au micro avec son complice de toujours, Jean-Michel Larqué, à l'occasion de l'Euro-2012, a renoncé à le faire à cause d'une mort soudaine venant le surprendre, alors qu'il sortait d'une opération chirurgicale liée à un calcul biliaire l'ayant bien affaibli. En sanglots, Larqué ne pouvait cacher son grand chagrin pour celui à qui il voulait offrir un ultime bonheur, celui de commenter ensemble les matchs de l'Euro-2012, et plus particulièrement ceux de l'équipe de France dont il était un chauvin avéré. Lui qui a bercé de sa voix particulière et de ses commentaires personnalisés, des générations entières d'amoureux du football, voire agacé certains par ses sorties provocatrices qui ont souvent nourri la polémique. Pour les puristes, qui ne se souvient pas de M. Foote, l'arbitre écossais du match Bulgarie-France d'un certain 9 octobre 1976, qui se fait traiter de «salaud» à l'antenne pour avoir sifflé un penalty aux Bulgares ou bien d'Ali Benaceur, le referee tunisien qui se fait tailler à cause du but de la main de Maradona, lors du match Angleterre - Argentine de la Coupe du monde 1986. Que dire des pauvres Coréens du Sud qui en prendront plein sur la gueule, en 2002, lorsqu'ils ont affronté les Bleus en Coupe du monde. Ce sont toutes ces «petites phrases assassines» qui faisaient en fait la voix légendaire de ce journaliste hors pair, passé, avec le temps, de personnage raciste et xénophobe, à une icône à prendre telle qu'elle dans le monde des médias et des commentateurs. Avec le temps, ce personnage, dont la franchouillardise est à fleur de peau, a fini par convaincre tout le monde, à travers sa popularité, ses grandes connaissances, son amour du métier et son franc-parler. Les Algériens n'ont pas eu à se frotter à lui, mais ils ont fini par l'adopter, l'apprécier pour beaucoup ; on va dire qu'il va certainement leur manquer. Notre confrère Farid Aït Saâda, du quotidien Le Buteur, l'a rencontré en 2008, à l'occasion de l'Euro qui s'est déroulé en Suisse et en Autriche, et l'a interviewé. A travers ce témoignage, Thierry Roland avait déclaré sa sympathie et son respect aux Algériens et s'est épanché sur tous les sujets qui ont fait sa notoriété, en bien et en mal, concluant avec cette phrase : «Comment aurais-je été raciste envers Bennaceur alors que la nounou de mon fils était Tunsienne ?» Et de là où il est, on lui dira à notre tour : «Tout à fait, Thierry !» Repose en paix.