Il aura fallu attendre près de 40 ans pour qu'un projet d'une cimenterie ait enfin des chances de voir le jour. Il aura fallu attendre que la féroce spéculation sur ce produit connaisse des seuils intolérables, que la mafia du ciment sévisse sans limite pour que le dossier soit enfin dépoussiéré. 40 ans d'attente, de tergiversations et de bureaucratie, qui dit mieux ? C'est ce qu'a affirmé, jeudi à Alger, le ministre de l'Industrie, des Petites et moyennes entreprises et de la Promotion de l'investissement, Mohamed Benmeradi. Lors d'une séance plénière du Conseil de la Nation consacrée aux questions orales, il a expliqué que la relance du projet sur un terrain de 23 hectares situé dans la commune de Aïn al Ibil, intervenait après le retard accusé, précisant que l'idée de réalisation remonte à 1973 date à laquelle a été effectuée une étude géologique spécifique. Il a souligné que le groupe GICA œuvre actuellement à «fixer la valeur financière du projet et à définir» la contribution du groupe GICA et du groupe égyptien de ciment (Asec) qui a signé un contrat en 2008. Selon le contrat, le groupe Asec devait réaliser le projet à lui seul mais ce dernier a formulé en 2010 une proposition au ministère de l'Industrie pour que «l'Etat algérien récupère des actions du capital de la société égyptienne». Le ministre de l'Industrie a fait remarquer, à ce sujet, que l'offre de la société égyptienne s'expliquait par «la difficulté de contracter des crédits auprès des banques algériennes afin de lui permettre d'achever les travaux et d'acquérir les équipements indispensables à la production». M. Benmeradi a précisé que les autorités algériennes avaient donné leur accord de «principe» pour l'acquisition de 49 % des actions de la société. Selon le ministre de l'Industrie, les travaux de réalisation de l'usine ont remarquablement avancé pour ce qui est de la première chaîne de production soit 85 % de génie civil et 60 % du projet. Concernant le coût du projet, il a ajouté qu'il n'était pas possible pour le moment de le fixer en raison de la non-finalisation des études techniques et économiques. «En 2008, la société Asec l'avait estimé à 50 milliards de dinars», a-t-il dit à ce propos. Il a indiqué que les études liées au projet devront être achevées durant le troisième trimestre de l'année en cours «si les choses se déroulent de manière normale». Le projet de construction d'une usine de ciment à Djelfa qui devait initialement produire 500 000 tonnes par an permettra la création de 2 500 emplois pendant l'étape de construction et 750 emplois au lancement de l'usine. Sur un autre plan, le GICA va procéder prochainement à des opérations d'importation mensuelles de ciment pour faire face la forte hausse des prix de ce produit sur le marché national. «Nous allons entamer un processus d'importation de ciment durant les périodes de tension pour juguler la crise et faire face à la forte demande sur ce matériau stratégique», a indiqué à l'APS, Yahia Bachir, P-DG du groupe GICA. Le déficit du marché du ciment s'élève à plus de 2,5 millions de tonnes, selon les estimations de GICA : ce manque d'offres a provoqué une flambée des prix sur le marché, accentuée par la spéculation. Le ciment importé sera disponible sur le marché algérien à partir de janvier 2013. Madjid D. / APS