Muse C?est dans la sculpture que Mahieddine Cherrad s?exprime, s?épanouit, s?élève et atteint l?ultime stade de la création. «C?est surtout de pouvoir m?exprimer de cette manière qui est forte, car la sculpture est une forme d?expression forte et de caractère», confie-t-il. Et d?ajouter : «De plus, c?est par amour pour la matière que je suis arrivé à la sculpture.» Et la matière ? disons plutôt le matériau ? qu?il s?approprie, dompte et façonne, sur lequel il transfère son imaginaire, ses visions intérieures, ses perceptions matérielles, est le bronze. Mais avant d?en arriver là, avant de s?adonner à la sculpture, Mahieddine Cherrad s?initiait à la peinture. «Je faisais de la peinture, lorsque j?ai commencé, il y a longtemps. J?ai fait quelques moulages, et c?est à ce moment-là que je suis arrivé à la sculpture. J?y suis arrivé par le travail, la recherche, la persévérance. C?est venu comme ça d?un seul coup, c?était profond, c?est venu du fond du c?ur», explique-t-il. «En fait, c?est un état second qui sort de l?artiste et qui donne des effets. Le public ressent des sensations. Il y a un remous. Il y a des expressions en relief. La sculpture est une forme et j?adore les formes. Depuis toujours, j?ai fait cela. Je voulais leur donner une autre dimension, surréaliste, tout en étant concret», reprend-il. L?artiste travaille sur le bronze, un matériau dur, tenace, ferme, fort, et c?est avec un geste authentique face au caractère du matériau que le sculpteur parvient à «mater son adversaire». Mais avant de parvenir à donner une image, une personnalité et une psychologie à sa sculpture, l?artiste doit suer et subir des épreuves. «Il y a, en effet, une lutte entre le matériau et moi, je dirais un combat acharné entre le matériau et l?artiste, entre «le façonneur et le façonné», car le bronze est une matière résistante, dure et difficile à traiter. D?ailleurs, c?est avec des mains fermes et viriles que l?on peut dompter cette force et maîtriser ce caractère coriace et solide. Pour tout cela, il faut s?armer de patience et de persévérance.» Si la sculpture est une affaire de lutte et d?épreuves, elle est également l?éternel chemin qui mène à soi. Elle est un apprentissage, aussi. Car elle apprend à être patient et nous renseigne sur nos aptitudes. «Au fur et à mesure que j?avance dans le travail, je me découvre. Je fais des découvertes : ce qu?il y a en moi de plus profond mais qui est caché et ce qu?il y a de spontané. Il y a, en effet, de la spontanéité dans mes sculptures», souligne M. Cherrad, qui ajoute : «Je m?exprime tout simplement et sincèrement. Il y a une complicité entre moi, l?artiste et le matériau.» La sculpture de Cherrad est l?expression d?abord d?un imaginaire, ensuite d?une sensibilité, puis d?une pensée. C?est l?expression de la réalité. Il dit : «C?est évident. Le matériau est le support, le véhicule de la pensée. Et en voyant les ?uvres, on le ressent perceptiblement. Il n?y a pas que la matière, que l?esthétique, il y a également la pensée qui s?exprime à travers les formes.» Et sa pensée est généralement habitée par un seul personnage, récurrent dans ses sculptures, celui de la femme. «Effectivement, le personnage de la femme est présent quasiment partout dans mes ?uvres. C?est inévitable. Car la femme dans la vie est présente partout. Ce n?est d?ailleurs pas une obsession, c?est une réalité manifeste et qu?on ne peut occulter.» Mahieddine Cherrad est un sculpteur qui cisèle la pensée, l?imaginaire et met en relief ses profondeurs ainsi que ses aspirations.