Imaginaire n Une grande exposition de sculpture réunissant une quarantaine d'artistes se tient jusqu'au 15 mai au théâtre de verdure. L'exposition réunit une quarantaine de sculpteurs avec plus de 200 compositions comme Mohamed Demagh, Toufik Mechtahi, Mehdi Rahmouni et bien d'autres. Tous se différencient les uns des autres d'une façon manifestement distinctive, individuellement créative, singulièrement novatrice ; chacun apparaît dans un imaginaire démonstratif et dans une sensibilité perceptible. Younès Boutrif fait dans la sculpture sur les roches et pierres – marbre, granit… Il s'empare du matériau, encore à l'état brut, dans son apparence encore primitive, et aussitôt touché, palpé, l'inspiration lui vient, alors, et sans plus tarder, il prend ses instruments de travail – le burin, le marteau et le papier de verre pour le ponçage, lorsqu'il a fini de sculpter son matériau et lui donner une forme, une apparence. La femme se révèle un prétexte à sa création. Les objets qu'il sculpte et auxquels il confère des volumes et formes anthropomorphes sont l'incarnation de la femme. Des sculptures, comme La femme et le serpent, sont également zoomorphes. Une façon d'apparenter l'humain à la nature, son environnement originel. La femme occupe aussi une place importante dans l'imaginaire de Leïla Ameddah qui, elle, fait porter sur ses sculptures en plâtre et en poudre de marbre – les ingrédients sont mélangés, moulés puis modelés – une forte charge émotive. Elle les marque de son empreinte féminine, conférant ainsi à chacune une psychologie de manière à lui donner une présence. Ce qui fascine encore, en parcourant l'espace d'exposition, c'est bien le travail de Hacen Boulmis qui, à travers ses compositions en bois, nous fait rappeler nos origines africaines. Ses sculptures aux formes insolites, parfois fantasques, sculptures pareilles aux totems ou à ces effigies idolâtrées par les sociétés primitives, sont sensiblement imaginées. Elles sont l'incarnation d'humain comme d'animal. D'autres sculptures anthropomorphes, réalisées en marbre ou en granit, donnent cette image de divinités, semblables à celles que l'on peut retrouver dans l'Antiquité, ou bien chez les peuples aux croyances tribales. Si les uns se font dans des démonstrations sculpturale figuratives ou semi-figurative, les autres, à l'exemple de Ben Ali Mehdi, adhèrent, en revanche, à une démarche typiquement contemporaine. Il compose à partir de matériaux de récupération une œuvre en relief qui, d'apparence, se veut abstraite. Ainsi, l'exposition, riche en apparence thématique, permet d'emblée de montrer que la sculpture est un art manifeste. Comme il y a des peintres, il y a également des sculpteurs soucieux de pratiquer et de développer la sculpture dans la diversité des matériaux utilisés pour le travail de composition, comme aussi dans son originalité artistique : imaginaire, sensibilité… . l «Cette exposition est importante», explique l'union nationale des arts culturels organisatrice de l'événement, ajoutant : «L'objectif est de rassembler dans un même espace, et à travers plus de 200 compositions, des sculpteurs représentant autant d'imaginaires que de sensibilités.» L'objectif de cette exposition, selon les organisateurs, consiste également à faire connaître ce genre de travail, car, souvent, la sculpture, qui est un art à part entière, pareils aux autres formes artistiques, telle que la peinture, est méconnue par le grand public qui, lui, est plus familier à la peinture. Effectivement, le grand public – un non averti – est souvent habitué à la peinture, et il ne connaît des arts plastiques que cette forme d'expression, parce que les expositions initiées, çà et là, sur la place d'Alger, sont toutes, voire pratiquement, consacrées à l'expression picturale. Les galeries comme les musées manifestent un intérêt privilégié pour la peinture. Toutes leurs manifestations sont vouées à la peinture, à croire que les arts plastiques ne se résument qu'uniquement à cette forme artistique, à savoir la peinture. Un tort est fait, là, à nos artistes. L'exposition s'avère alors une occasion de faire sortir l'art de la sculpture de l'ombre au grand jour, de le hisser à haut niveau d'expressivité ; elle est aussi une opportunité pour les artistes de se faire connaître dans l'art qu'ils exercent et dans lequel ils excellent. «Notre souci est de présenter toutes les formes artistiques sans distinction quelconque», indiquent les organisateurs, soulignant aussitôt le rôle que joue l'union nationale des arts culturels dans la promotion des arts plastiques à Alger comme ailleurs, à travers le pays, lors des salons régionaux consacrés aux arts plastiques.