Bizarre - Djamel avait 11 ans quand il a été blessé au niveau de la tête par une morsure involontaire de son ami d'enfance tombé droit sur lui, quand ils étaient en train de jouer à l'école. Les traces de la blessure n'ont jamais disparu . Une maladie insidieuse se serait développée à l'endroit de la blessure... touchant à travers les veines, le cavum pour donner un cancer, 5 ans après. «C'est Dieu qui m'a donné cette maladie que j'accepte avec foi.''El moumene mousab''», nous dit ce jeune âgé aujourd'hui de 20 ans que nous avons rencontré alors qu'il était en train d'aider au nettoyage du nouveau siège de l'association El-Fedjr de Blida. Djamel est originaire de Blida. Bon vivant et surtout heureux d'être parmi ses amis de l'association dont des médecins devenus aussi des amis, ce jeune atteint d'une tumeur au cavum, nous parle d'une voix altérée par l'émotion, en parlant de sa mère. «Ma maman ‘'h'bibti'', nous dit-il, et celui qui veut me qualifier de fils à maman ou autre, je ne me fâcherai pas car c'est de ma maman que je parle. C'est elle qui s'est dévouée dans son travail dur à l'hôpital pour m'aider à accepter ma maladie et tout faire pour me traiter.» Il se désole d'avoir raté ses études à cause de la maladie qui s'est déclarée à l'âge de 15 ans. «J'aime beaucoup les mathématiques et je défie quiconque de me dépasser en calcul», nous dit ce jeune fièrement. Bien qu'il qualifie sa prise en charge sanitaire de très bonne au niveau de Centre anti-cancer de Blida (CAC) et grâce à son association, El-Fedjr de Blida ,Djamel se désole des comportements irresponsables de certains voisins et notamment des jeunes. «Depuis qu'ils sont au courant de ma maladie, ils ne cessent de murmurer quand je passe : ‘'Il a le cancer ! Il va mourir dans quelques mois''.» Ce jeune, aîné de 4 frères et sœurs, adore la pâtisserie. «Je suis en stage au Centre de formation professionnelle. Je réussis très bien la pâte feuilletée. J'ai appris à la faire à ma mère», a-t-il repris. «J'aimerais tant ouvrir un local, mais je n'en ai pas les moyens. Je ne peux même pas oser m'aventurer dans un micro crédit car j'ai des amis noyés dans des dettes.» Après ces quelques moments de discussion, Djamel change de ton. Son visage affiche la tristesse quand il évoque son ami intime qui a réussi dans un projet de location de voitures et qui venait régulièrement lui rendre visite. Le destin a voulu que son ami qui pleurait à chaque visite lorsqu'il le voyait souffrir, lui remontait le moral et lui promettait de l'aider, s'est retrouvé, quelque temps après, atteint d'une tumeur au genou. «Maintenant, c'est moi qui lui remonte le moral. Même quand j'étais hospitalisé, je le voyais régulièrement. Je constate que c'est le malade qui ressent réellement ce qu'un autre malade peut endurer. Bien que souffrant, j'oubliais ma maladie devant d'autres cas plus graves. Je prenais soin par exemple d'un déficient mental cancéreux qui aimait rester aux toilettes même pour manger». Djamel se remet de son émotion et lève la tête. «Vous savez, ma maladie m'a fait découvrir mes vrais amis et les gens qui m'aiment dans la famille notamment, du côté de mon père et également la deuxième épouse de mon père que je considère comme une deuxième maman pour sa gentillesse et son aide. Mais je vous jure que je pardonne à tout le monde. Chacun a ses propres raisons. Mon cœur est un grand parking.»