Talent Comme chaque année, les départs de nos joueurs pour embrasser une carrière professionnelle en Europe, ou plus exactement en France qui reste la première destination de nos footballeurs, se raréfient. C?est un autre indicateur de recul de notre sport roi. Depuis le départ de Bezzaz au club corse d?Ajaccio, il y a deux saisons, suivi de Zarabi au même club, plus aucun joueur n?a réussi à faire son trou dans un monde professionnel devenu de plus en plus hermétique au talent algérien, bien que reconnu souvent par les spécialistes, mais devenu avec le temps de trop piètre qualité pour espérer une éventuelle exportation. Tout le monde s?accorde à dire que la cause essentielle est la baisse du niveau de notre football en raison de l?absence d?une politique de formation et d?encadrement capable de produire des éléments exportables. De bons joueurs, il en existe évidemment. De nombreux internationaux ont été souvent, à tort et à travers, annoncés ici et là, et depuis déjà plusieurs saisons. On citera les Haddou, Raho, Boudjakdji, Slatni, Zafour et autre Bourahli. Souvent aussi, ces joueurs n?ont pas été bien conseillés ou pris en charge par des managers professionnels agréés Fifa capables de leur trouver une place au soleil. A défaut de filières bien huilées, nos joueurs se sont retrouvés entre les mains de présidents gourmands ou de pseudo-imprésarios plutôt alléchés par l?odeur de l?argent. Ce qu?il faut se dire, en revanche, c?est que le football algérien ne produit plus de grands joueurs de la trempe des Madjer, Menad, Saïb ou Tasfaout, que les grands clubs s?arracheraient à coups de millions d?euros, comme c?est le cas pour les Sénégalais, les Camerounais ou d?autres footballeurs africains. L?absence de réelles écoles de foot et de centres de formation font que le joueur algérien ne travaille pas et ne progresse pas assez pour espérer taper dans l??il d?un recruteur. L?absence également de nos sélections de jeunes des différents championnats du monde, des jeux Olympiques et des phases finales de Coupe d?Afrique depuis plus de deux décennies, privent nos footballeurs de se retrouver sur le «marché des valeurs». La dernière participation d?une équipe nationale à une joute mondiale remonte à l?année 1979 où nos moins de vingt ans avaient atteint les quarts de finale au Japon après avoir remporté, quelques mois avant, la CAN juniors ! Depuis, c?est le vide sidéral. Les tournois de jeunes auxquels participaient nos clubs et nos sélections (Roubaix, Toulon, ?) se font de plus en plus rares, même si au niveau de la DTN on a constaté un début de redressement ces derniers mois avec l?équipe présidée par Boualem Laroum. C?est pour cela qu?il ne faudrait pas s?étonner que pour la saison 2003/2004 aucun joueur local n?a fait le voyage sud-nord, si ce n?est le milieu de terrain de l?USM Alger, Karim Ghazi, qui est passé à? l?est à l?Espérance de Tunis. Bezzaz Yacine, trimbalé par son président de l?époque Moh Chérif Hannachi à travers plusieurs clubs de l?Hexagone, durant l?été 2002, avait fini par atterrir à Ajaccio. Malheureusement pour lui, les blessures ne l?ont pas épargné, ce qui, le plus souvent, l?a privé de jouer. Son compère Zarabi, lui, n?a jamais réussi à s?imposer au point de perdre sa place en équipe nationale alors qu?il était promis à un bel avenir au poste d?arrière gauche en sélection. Cette saison a été sèche pour nos joueurs du cru alors que celle qui se dessine à l?horizon ne semble pas apporter de changements à la tendance actuelle. Pis, le nombre de joueurs professionnels convoqués en équipe nationale ne fait que croître en allant même piocher dans des clubs de seconde division française. L?équation est donc simple : faible production = faible exportation.